Dan San - Shelter Le retour de Dan San, quatre ans après un premier LP nommé Domino estimé par la diffusion de ses effluves indie-folk pleines de raffinement, permettait de savoir un peu où en était ce sextet de Liège doué comme pas deux. En septembre dernier est apparu Shelter, un nouvel album marqué par l'intervention du producteur Yann Arnaud (Syd Matters, Air, Phoenix) aux manettes et dans le rôle d'un chef d'orchestre pour guider et tempérer les ardeurs d'un groupe qui avait tendance à croire que l'abondance de pistes sonores était gage de qualité. Un bémol que j'avais signalé à l'époque dans la chronique de Domino et qui a été corrigé par une vision extérieure du projet, une première pour un groupe qui jusque là faisait plus ou moins ça à la maison. À l'écoute de ce nouveau disque, aucun doute subsiste : Dan San a subit la transformation dont il avait besoin, et bien plus encore !

Allons y tout de go, sans barguigner : Shelter est une œuvre intense, belle et touchante, trop peut-être tant chaque titre frôle la perfection. On sent que les membres de la formation ont pris un bon bol d'air frais dans leurs projets parallèles et par la même un recul profond pour aborder l'heure des remises en question. Dan San a su avec sa nouvelle œuvre aller à l'essentiel, éviter la grandiloquence et composer dans le but de toucher en plein cœur par le biais d'une pop limpide aux harmonies frissonnantes. L'efficacité du mixage de chaque instrument a sa grande part de responsabilité dans tout ça, à l'image de la devise des trois mousquetaires : "un pour tout, tous pour un". En effet, la cohésion se ressent fortement dans cet album à commencer par la multiplicité des voix envoûtantes qui traversent le disque, qu'elles soient "lead" ou "backing", tout le monde participe à l'ouvrage.

Sans renier ses bases folk ("America", "Nautilus I") et ses mélodies tutoyant les cieux ("Red line", "Call me", "Gone home"), Dan San sait aussi placer quelques soubresauts rock (le début de "Ocean", le refrain de "Nautilus I") et de petites pépites pop irrésistibles ("Dream") en se plaçant presque naturellement sous l'influence des ténors du genres (Syd Matters, Fleet Foxes, Grizzly Bear). Avec Shelter, le sextet liégeois vient de réaliser son album le plus abouti, un voyage sonore éveillant l'imaginaire pendant les 40 minutes que vous n'hésiterez surement pas à renouveler car son potentiel addictif est épatant.