Dale Cooper Quartet & The Dictaphones - Quatorze pièces de menace Nouvel album pour le Dale Cooper Quartet, toujours accompagné de The Dictaphones, soit le collectif darkjazz francophone de référence qui, après Paroles de Navarre puis Metamanoir, revient avec un disque tout aussi énigmatique que ses prédécesseurs (au départ tout du moins...) : Quatorze pièces de menace toujours sorti par le biais de l'ultra-prolifique label Denovali Records (près de 175 sorties depuis 2006 tout de même). Un disque qui dès les premiers instants vient happer l'auditeur de par la densité mise dans la piste d'ouverture de l'album : "Brosme en dos-vert" (le groupe ne changeant aucunement ses habitudes et conservant la tradition de donner des noms de morceaux pour le moins étranges). Troublant et magnétique.

Une brume ambient épaisse à l'intensité palpable, quelques très discrètes textures drone-jazz tapies dans l'ombre, puis les nappes expérimentales qui viennent faire leur apparition, avec un sens de la mesure et de la dramaturgie musicale notable. Comme si le "groupe" avait scénarisé son album afin d'en maîtriser jusqu'au moindre de ses effets. L'ensemble est toujours, sinon plus, fascinant qu'à l'accoutumée et malgré sa durée (plus de 21 minutes) se laisse découvrir quasiment sans effort pour qui est un tant soit peu habitué à ce genre d'œuvre. Qui s'essaie à l'utilisation d'une voix à l'occasion de quelques morceaux en conviant notamment la néo-zélandaise Alicia Merz aka Birds of Passage (également hébergé chez Denovali Records, on reste en "famille"). Atmosphères jazz 50's, halo vocal planant autour de l'auditeur ("Calbombe camoufle Fretin", "Nourrain quinquet".).

Rien à redire sur ce que propose les Dale Cooper Quartet & The Dictaphones sur ce nouvel effort se dévoilant comme l'exégèse de ce que l'ensemble avait pu proposer auparavant. En mieux. Comme si le projet avait atteint ici une maturité artistique inattendue, exacerbant sa créativité et lui offrant ainsi de démultiplier son éventail des possibles (du dynamique "L'escolier serpent Eolipile" au feutré "Il bamboche empereurs" en passant par le sentencieux "La ventrée rat de cave"). Fantomatique ("Ignescence black-bass recule") ou délibérément énigmatique ("Céladon baffre"), Quatorze pièces de menace est de ces œuvres qui fascinent, hypnotisent ou désarçonnent selon l'affinité musicale de chacun (difficile toutefois de rester insensible à "Lampyre bonne chère") et qui en l'état apparaît comme la bande-son idéale de la série culte Twin Peaks, si seulement un génie ne s'en était pas brillamment déjà chargé quelques années auparavant (Angelo Badalamenti avait pour mémoire signé une partition classe pour la série TV de David Lynch alors scénariste/réalisateur et producteur).

Pour les inconditionnels du fameux Bohren Und Der Club of Gore et/ou de leurs héritiers de The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble voire des travaux expérimentaux du David Lynch musicien.