Dale Cooper Quartet & the Dictaphones - Metamanoir Après Paroles de Navarre, sorti une première fois en 2009 puis réédité l'an dernier chez Denovali, le Dale Cooper Quartet & The Dictaphones entre dans sa période bleue et livre avec Metamanoir (oui le titre est assez étrange) une suite à un premier album en forme de bande-son de film noir, en reprenant un peu la même formule tout en la faisant joliment évoluer. Vers quelque chose qui soit à la fois plus abouti, accessible et aussi onirique qu'envoûtant. Une matière sonore toujours aussi mouvante, entre ambient panoramique, doom-(free)jazz et pop éthérée, les deux premières plages de l'album sont de petites merveilles d'immersion sensorielle au coeur d'un univers musical multi-dimensionnel semblant évoluer hors du temps ("Une petit cellier", "Eux exquis acrostole").
Des compositions à la beauté diaphane, gracile ("Ma insaisissable abri"), une voix féminine qui surplombe des arrangements toujours plus raffinés, Dale Cooper Quartet & The Dictaphones se laisse happer par un minimalisme de façade, recelant en réalité des trésors de subtilités énigmatiques et troublantes, d'atmosphères sombres et hypnotiques ("Le implacable gentilhommière"). Entre brume énigmatique et lueur du jour plus limpide, les français distillent leur substrat sonore, créent des ambiances très particulières, des "paysages" musicaux dans lesquels on aime se perdre, un peu à la manière d'un Bohren & Der Club of Gore ou de The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble, comme on le fait au beau milieu de leurs incohérences grammaticales délibérées ("Elle agréable rendez-vous de chasse", "Mon tragique chartreuse"). Pour le reste, le Dale Cooper Quartet & The Dictaphones reste une sorte de semi-énigme artistique ("Il mélodieux manoir"), une exception doom-jazz/ambient au magnétisme irrémédiablement envoûtant.