Dada Rose - Asphodèle Araki Records, label rémois promouvant la musique d'ascenseur émotionnel (définition reprise sur son Bandcamp), s'est associé en co-prod avec les Niçois d'Arsenic Solaris pour sortir le premier disque d'un duo provenant du même lieu que le dernier label cité. Il s'agit d'Asphodèle de Dada Rose. Pour votre culture-gé, l'asphodèle ou "Poireau du diable" est une plante vivace poussant majoritairement autour du bassin méditerranéen et dont les racines sont comparées à des testicules... Pourtant, rien dans cet album ne fait penser à cela. Ou alors en extrapolant un peu, on pourrait s'entendre dire que ces deux gars-là (Benoit Zellal au sax et Nicolas Brisset à la batterie) en ont dans le slip pour oser faire "subir" leurs expérimentations jazzy. Alors qu'au final, si on prend l'œuvre pour ce qu'elle est, et qu'on passe son temps à l'apprivoiser, elle est tout à fait tolérable.

Alors, venons-en aux faits car Dada Rose est une curiosité. En même temps, vu le patronyme, on aurait dû se douter que quelque chose ne tournerait pas rond en glissant ce disque dans la platine. Évidemment, expérimental oblige, les Niçois remettent en cause les formats établis par une errance au sein de laquelle le saxo de Benoit sert de guide, de voix en quelque sorte. Et chaque forme de sons que sort le cuivre donne la couleur du morceau. Ici, pas de feuille de route (ou presque), à tel point que l'on pourrait croire par moments que chaque pièce présentée dans Asphodèle n'a ni début, ni fin. Un peu comme si on vagabondait dans un musée d'art expérimental, passant d'une œuvre à une autre sans se fier au temps qui paraît éternel... ou absent. On s'arrête, on observe et on repart. C'est d'ailleurs le duo qui se fait le maître de ce dernier. Nicolas s'occupe de la mesure, la marque ("Iris") ou pas ("Thorne et Morris") mais avec un soin particulier à être en cohésion avec son acolyte pour occuper sereinement l'espace et illustrer leur abstraction.

Dans la même logique que le très avant-gardiste Improvised music New York 1981, album live collaboratif regroupant John Zorn, Bill Laswell, Sonny Shamrock, Derek Bailey, Fred Frith et Charles K. Noyes, Asphodèle est imprévisible. Il décontenance, forcément, mais peut être l'élément parfait à explorer si on s'intéresse à l'improvisation ou au free-jazz.