Rock Rock > Curumin

Biographie > Entre le cumin et le curcuma

Le compositeur et multi-instrumentiste brésilien Curumin est devenu en l'espace de trois ans le digne représentant de la musique moderne en langue brésilienne (ou portugaise, c'est selon). Découvert en septembre 2005 par le duo hip-hop californien Blackalicious, alors en tournée au Brésil, ce bonhomme aux origines japonaises et espagnoles venait de sortir son premier album, Achados e perdidos. Chief Xcel et The Gift Of Gab, séduits par ce doux mélange de musique brésilienne et d'éléments extérieurs tels que l'électronique, le funk ou le hip-hop, décident de le faire découvrir aux Etats-Unis dans un premier temps. Jouant de nombreuses dates au pays de l'Oncle Sam notamment en première partie de Tommy Guerrero et Honeycut du collectif Quannum Projects (fondé entres autres par DJ Shadow et Blackalicious), Curumin commence à participer à plusieurs évènements importants (World Music Festival de Chicago, compilation Big Chance : Songs for FINCA, bande sonore d'une publicité Nike pendant la coupe du monde de football 2006, compilation Nova Tunes).
C'est tout naturellement que le deuxième album de Luciano Nakata Albuquerque (son vrai nom) sort aux USA chez Quannum Projects fin novembre 2008. En France, JapanPopShow est accueilli en mars 2010 par le label indépendant Makasound (Java, Winston Mc Anuff, La Caravane Passe).

Curumin / Chronique LP > JapanPopShow

Curumin - Japan pop show On sous-estime trop souvent la richesse de la musique brésilienne qui, comme les racines de son peuple, est à la fois héritière de la culture des Amérindiens, de l'Europe et de l'Afrique. L'image exotique de la samba et de la bossa-nova, ces deux courants populaires généralement caricaturée par l'esprit fermé d'ignares, à tendance à masquer cette nouvelle génération d'artistes incarnée de nos jours par Curumin. Ce trentenaire aux racines espagnoles et japonaises est par nature un brasseur d'influences. Déjà présentes sur son premier album où la MPB se mêle au funk et à un groove et une finesse dont lui seul a le secret, elles se décuplent sur JapanPopShow. Véritable révélation pour cet aventurier du son qui, appuyé par l'intelligence artistique des membres du Quannum Projects et de Blackalicious, a su en quelque sorte internationaliser sa patte tout en gardant son âme auriverde. Le hip-hop fait logiquement son entrée dans la composante sonore du natif de São Paulo ("Kyoto", "Saida Bangúavec") mais n'en est pas la principale, fort heureusement d'ailleurs. Car là où excelle Curumin, c'est bien dans cette mixture du tout, de la pop-soul sensuelle ("Magrela Fever", "Misterio Stereo", "In The Hot Sun Of Christmas Day") aux phases acoustico-funky ("Compacto", "Mal Estar Card") en passant par la musique du pays mais revisitée ("Dançando no escuro", "Sambito"). JapanPopShow est déroutant, d'une fraicheur incroyable dans la façon dont l'auteur a su se réapproprier l'héritage musical des différentes régions du Brésil. Curumin n'a pas volé son succès qu'il a partagé avec de nombreux invités tels que Bnegão du groupe mythique de hip-hop funk brésilien Planet Hemp (qui a compté Marcelo D2 dans ses rangs), General Elektriks dont il se sent très proche ou encore Tommy Guerrero. Un artiste découvert en France par Remy Kolpa Kopoul de Radio Nova et une sortie tardive que l'on doit à Makasound car on rappelle que l'album va fêter ses deux ans. Il était temps !