curtiss_simplicity_artwork Emo-rock mâtiné de subjugantes mélodies pop et de quelques fulgurances émo, ce premier album de Curtiss offre à son auditeur onze pépites du genre, à la fois délicates, intenses, mélancoliques et torturées. On aurait envie de dire qu'un grain de sable vient à quelques moments gripper la belle mécanique de Simplicity, mais on reconnaîtra qu'il s'agit plutôt d'une nano-poussière. Envoûtant et nostalgique ("Stimulus"), le rock de Curtiss peut également se faire plus abrupte lors des quelques accès de rage brute qui parsèment cet album ("Clockwise", l'intro de "Change"...). De riffs accrocheurs en mélodies inspirées, de structures impeccablement maîtrisées à un chant au diapason, la musique de Curtiss surprend et n'en finit plus de séduire. Tissant habilement sa toile afin d'encercler l'auditeur de ses vagues pop/ rock d'une intensité rare, "Evergreen" et son climax littéralement envoûtant démontre de manière formelle que ce quintet a de l'avenir.
C'est tout le mal qu'on leur souhaite, même s'il reste encore au groupe à franchir l'étape d'un second album et surtout celle de savoir durer dans le temps. Parce que si l'on peut relier le rock émotionnel et fiévreux des aixois à Cave in, Engine Down et Sparta, voire à A Perfect Circle, ce groupe possède un vrai petit quelque chose en plus, ou de différent. On appellera ça la "Curtiss' touch", un savant mélange de riffs rock fiévreux, de lignes pop jouant avec les nuances et un émo rageur. En clair des références prestigieuses mais parfaitement assimilées et finalement revues et corrigées par un groupe peut-être déjà au sommet de son art. Ce n'est que leur premier opus pourtant... Que ce soit le chant d'Alexandre Menicucci, confondant de profondeur ou les instrumentations fouillées et d'une matûrité étonnante (des lignes de grattes limpides aux rythmiques épurées de la batterie), sans en faire trop, mais en étant efficace, Simplicity imprime sa marque et Curtiss grave ses mélodies dans notre esprit ("Before the end", "One of these days").
Alors qu'ils nous ont largement convaincu, les aixois osent briser la glace de cette douce torpeur dans laquelle, ils nous avaient plongé, pour nous livrer deux titres : "City of Steel" et surtout "And justice for all", tantôt enragés, tantôt désespérés, parfois les deux en même temps. Deux titres très rock/ émo dans l'âme qui sont le reflet de la variété de couleurs dont dispose la palette que le groupe a dans ses mains. Recherchant l'intensité émotionnelle, Curtiss se révèle alors autant capable de faire parler la puissance (le final de "Change") que la douceur ("Aria", "Stay"). On s'en doutait depuis le single 3 titres List, cette fois Simplicity en remet une couche, un grand groupe est peut-être en train de naître. Tout simplement.