cui jian : show your color Un nain de jardin aux allures Bouddha Joyeux affublé d'une étoile jaune sur fond rouge nous accueille sur ce Show your color. Sept ans après le The power of the powerless, le bébé de l'artwork a grandi. Cui Jian qui est certe plus posé qu'avant mais musicalement plus expérimental, nous offre un album de balade... dans la nature. Un rock qui revient aux sources scotch et bout de ficelle du mouvement (guitare sèche et chant sous une lanterne rouge), avec des sonorités attrapées par ci par là (hainement de cheval, moteur, le "tu dju" du train, cigalles, feu de camp et j'en passe) sur des samples de chants folks paysans du Shaanxi, Hebei ou Kpop selon les contrastes. Le tout doublé de guitares dans son style DongBei... De chant et l'aspect randonné des chansons (difficillement descriptible mais oui, l'album par en randonnée) renverrait parfois à une sorte de chanson paillarde politisée, chantée à tue-tête. Certain titres accelèrent grâce à des envolées électros (notament la 8), d'autres experimente le Neo-Paillard (heu genre rap chanté sur des beuglades). Le tout n'est cependant pas si simple d'accès. Les constructions sont ultra recherchées et démontrent le perfectionisme de Cui Jian, qui joue sur les langues, les rythmes et les paroles pour renouveller une critique social acerbe (contre les idéaux imposés socialement, tels la nécessité de richesse, ou le rabais des paysans dans les villes). Certain titres sont des perles de créativité, jouant sur des juxtapositions de sons qui se nient, ou se renforcent. Des doubles négations musicales quoi... L'album ne cesse de surprendre, et a passé le cap des 8 mois sur ma platine...
Donc voila, ce dernier effort nous montre un Cui Jian plus posé et réfléchi (7 ans de gestation, ca aide), qui une fois de plus expose sa façon de vivre et n'impose rien, chacun en tire les conséquences qu'il souhaite. Moins énergique que ces prédécesseurs mais plus travaillé, Cui Jian suit son chemin marginal, les pieds dans la gadoue et la sueur sur le front.