Comment présenter Cui Jian ? Là est le problème, la présentation ne devrait même pas se faire. ou alors comme tous précurseurs et contestataires à la philosophie ambiante, elle se fera une fois qu'il sera enterré, par coût de marchandising douteux sur les restes de la révolte. Bercé par les entrées illicites de rock occidental en Chine (Simon And Garfunkel, The Police, Rolling Stones...), sûrement dealer dans l'arrière boutique d'un garage quelconque, il est le parrain du concept de rock Made In China. Guitariste et saxophoniste de talent et critique de la société dès ses débuts (mid 80's), son titre "Yi wu suo you" ("Nothing to my name") devint l'hymne des manifestations pro démocratiques pékinoises qui se terminèrent tragiquement (pour les fâchés avec l'histoire, les événements de la place Tian An Men, à relire...). Sa notoriété lui apporta évidement la foudre du haut, et il lui devint quasi-impossible de faire des concerts sur le territoire chinois (à la place il s'exporta en Corée, au Japon, aux USA, en Europe (Printemps de Bourges et Roskilde) ...). Six albums à titre personel, évoluant du pop-rock à de purs oeuvres d'expérimentations (mix de sonorités occidentales tel le jazz à des rythmiques folk chinoises), en passant par une période punk-rock plus radical : Vagabond's return (86), Rock and roll the new long march (89), Solution (90), Balls under the red flag (94), The power of the powerless (98), Show your color (2005) ainsi que des films et VO de Beijing bastards (96) et Roots and branches (03) et un World Peace Music Award de l'ONU (2004).
Aujourd'hui, les choses ont un peu changé, lui aussi, hormis l'envie de faire avancer l'ouverture d'esprit et la musique. Co-créateur du Snow Mountain Festival de Lijiang, Yunnan, dans les montagnes, initiateur des Festivals Chinois qui rameutent des groupes des 4 coins de la Chine, véritable Woodstock, hommage à la création sous toutes ses formes, un must to see. Cui Jian est cité en référence par quasiment tous les groupes underground chinois, tous styles confondus, car il fut un des premier, avec He Yong ou Dou Wei à oser prendre une guitare électrique, et à montrer une autre voix.