Projet collectif formé autours de Justin Greaves (Electric Wizard, Iron Monkey), Dominic Aitchison (bassiste de Mogwai), Crippled Black Phoenix (littéralement le phoenix noir boiteux), réunit notamment la paire Andy Semmens / Kostas Panagiotou (Pantheist), Nial McGoghey de 3D House of of beef ou Joe Volk Gonga... Des adeptes de sludge-graisseux, de stoner-doom hypnotique et de post-rock évanescent, autant d'influences à passer dans le mixeur pour en extraire l'essence de Crippled Black Phoenix.
Une musique au croisement du post-rock lunaire et d'un ambient intemporel, folklorique et halluciné : un concept assez déroutant (qui à dit boiteux ?) placé sous le haut patronage de Geoff Barrow (Portishead), qui les signe en 2006 chez son label Invada Records. Quelques semaines plus tard paraît au Royaume-Uni A love of shared disasters, premier opus du collectif aussi éclectique qu'hétéroclite. Pour l'hexagone, il faudra attendre quelques mois (le printemps 2007) et une distribution via Differ-Ant.
Infos sur Crippled Black Phoenix
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Liens pour Crippled Black Phoenix
- crippledblackphoenix.com: site officiel (241 hits)
Crippled Black Phoenix discographie sélective
lp :
I, vigilante
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lp :
A love of shared disasters
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Liens Internet
- Tomypunk : webzine punk emo ska punk
- Sefronia : des tonnes de chroniques !
- label-athome.com : site du label
Rock > Crippled Black Phoenix
Biographie > Quand le phoenix renaît de ses cendres...
Crippled Black Phoenix / Chronique LP > I, vigilante
Avec son line-up aussi prometteur qu'intrigant (Electric Wizard + Mogwai + Pantheist), Crippled Black Phoenix s'annonçait en 2006 comme l'un des projets indie à suivre du moment. Un album (A love of shared disasters) et quelques cendres plus tard, on n'attendait plus grand chose du projet. Et le trop long et boursouflé 200 tons of bad luck, puis The Resurrectionists/Night raider, interminable double album, qui suivirent deux ans plus tard ne firent que confirmer l'évidence, ce collectif n'était qu'une vulgaire somme d'individualités (avec qui plus est un line-up à géométrie constamment variable) associées là sans la moindre idée directrice ni identité artistique perceptible. Certes, il y avait sans doute du plaisir pour ses membres de se retrouver ensemble mais pour le reste...
Du coup, à l'heure de retrouver le "groupe" pour cet I, vigilante, on ne peut s'empêcher d'y aller avec une certaine retenue, émettant d'ores et déjà quelques réserves sur ce que pouvait bien, a priori, réserver ce nouvel effort des (trop) productifs musiciens entourant Justin Greaves, le grand ordonnateur de Crippled Black Phoenix. Six titres, près de cinquante minutes de musique et d'entrée de jeu, "Troublemaker" surprend. Non seulement, le groupe a effacé le flou artistique qui régnait jusqu'alors sur ces travaux mais en plus, il semble savoir où il va. Dans une direction indie-rock aux atmosphères délicieusement psychées, drapé dans des instrumentations légèrement old-school, le collectif réussit sa mise en route notamment avec un final habité, à la fougue hypnotique et à l'écriture racée.
Puis vient "We forgotten who we are" et là, c'est l'émerveillement. Touché par la grâce, emmené par un piano enjôleur, une mélodie enfiévrée et des guitares qui portent l'ensemble avec emphase, Crippled Black Phoenix atteint de sommets de rock indie/post-rock hybride de grande classe. Et récidive quelques instants plus tard avec un "Fantastic justice" au songwriting obsédant. En lévitation, le groupe délivre de véritable petites pépites "post-rock" veloutées et tout en progressions harmoniques ('Bostogne blues"). 4 premiers titres magnifiques, plus que 2 donc, on se dit qu'on tient enfin le premier chef-d'oeuvre de la carrière du collectif, et là, c'est le drame, il change du tout au tout pour saborder l'album avec un "Of a lifetime" aux riffs hard heavy 80's puis "Burning bridges" et sa pop vintage/variété absolument insoutenable. Là, normalement, on enlève le CD pour vérifier qu'il n'y a pas eu erreur dans l'énoncé, que l'on nage en pleine hallucination semi-collective et qu'il y a un "truc" qui va nous faire revenir vers la réalité mais rien à faire. I, vigilante s'arrête aux quatre magnifiques premiers titres, le reste est indigne d'avoir été couché sur bande.
Crippled Black Phoenix / Chronique LP > A love of shared disasters
Qu'attendre au juste de la rencontre entre quelques apôtres d'un rock underground aux relents metal extrème (Electric Wizard, Esoteric...) et des maîtres du post-rock stratosphérique ? Quelques ballades post-folk crépusculaires mélancoliques, déchirantes et hautement improbables... Du moins c'est ce que répond A love of shared disasters, premier opus né de la collaboration étrange entre les neufs membres plus ou moins honoraires de Crippled Black Phoenix. Le tout placé sous la haute autorité de Geoff Barrow (Portishead) et mené par Dominic Aitchison (Mogwai). Plus qu'un banal side-project, une hydre à neuf têtes qui aurait dû engendrer quelques manifestes doom expérimentaux sales et graisseux... au lieu de cet album. Pourtant, tout l'intérêt de l'entreprise est là... surprendre dans un premier temps, avant de convaincre dans un second. Objet musical difficilemment indentifiable, A love of shared disasters prend la forme d'un gigantesque fourre-tout artistique, mais avec une ligne de conduite très discrètement tracée en filigrane. Cet album verse dans l'intime : un piano vague, quelques guitares acoustiques, des violons lointains... et surtout la Grande Faucheuse qui semble rôder à chaque coin de rue. Ambiance post-chaotique de recueillement introspectif alors que l'apocalypse vient de frapper ce no man's land dans lequel on évolue... entre ombres et lumières, entre harmonie douce et hypnose post-mortem, le tout dans un cadre singulier et onirique, il est clair que A love of shared disasters porte plutôt bien son patronyme.
Cela dit, le résultat est relativement inégal, car dans le monde en noir et blanc (plus noir que planc du reste) de Crippled Black Phoenix, les émotions ne jaillissent jamais au visage de l'auditeur, toujours sous-jacentes, délibérément mises en sourdine, elles se promènent au coeur d'un univers glacé avec le risque de parfois susciter un ennui poli. Le problème avec des albums tels que A love of shared disasters, c'est que sous l'objet protéiforme ne transparaît pas forcément ce feu sacré qui aurait dû s'emparer des membres du projet. Résultat des multiples écoutes, une certaine lassitude devant un objet un peu trop difficile à cerner, frigide, un peu soporifique, souvent insaissable. Quelques instrumentations post-classiques viennent donner un peu d'appoint à l'ensemble, mais le coeur n'y est pas forcément, Crippled Black Phoenix accouchant par là-même d'un album un peu boiteux et difficile à appréhender. A chacun de se faire son avis...