Pour être tout à fait franc avec toi, je n'attendais absolument rien de ce premier album solo de Corey Taylor, le célèbre frontman de Slipknot (bouhhh) et Stone Sour (bof bof). Mais j'ai quand même bien fait de pousser la curiosité à écouter CMFT au moins une fois car depuis, le disque a du mal à quitter ma platine !
Entouré du gratin des musiciens de studio et des membres de Stone Sour, Wall of Jericho, ou Ministry, Corey Taylor a mis en boîte pendant le premier confinement un disque haut en couleurs, gavé de tubes et, il faut bien le reconnaître, clairement sympathique. Un disque "à l'américaine" bourré de testostérone (tant au niveau des chansons que de la production) et dont la moitié des titres pourrait être en heavy rotation dans les stations rock US. Mais même si ça fonctionne (et que tout a été fait pour que ça fonctionne), on sent bien tout au long des 13 titres de l'envie et de la passion qui rendent l'ensemble clairement cohérent et authentique. L'ensemble est puissant sans être agressif, entraînant sans être mielleux, et surtout diversifié ! Alternant morceaux catchy ("HWY 666" ouvrant le bal avec son solo de guitare au bout de 16 secondes d'intro, l'excellent "Samantha's gone", l'énergique "Meine lux" et ses excellents chorus de guitares, "Halfway down"), tubes que tu n'arriveras pas à faire disparaître de ton cerveau (l'excellent power pop "Kansas", "Black eyes blue") et brûlots plus agressifs ("Culture head", "Everybody dies on my birthday", le pétard mouillé "CMFT must be stopped" avec les feat de rappeurs US, "European tour bus bathroom song" dans une veine punk hardcore clôturant avec bon goût ce disque) sans -malheureusement- oublier les incontournables (mais tellement dispensables) ballades ("Silverfisch", "Home"), Corey Taylor présente un premier album presque parfait. Un disque tout au long duquel le chanteur se montre tout aussi à l'aise quand il s'agit de hausser le ton que quand il convient de muter en mode crooner. Le gars se fait plaisir, c'est sûr, il explore des styles qui ne rentrent pas dans le cahier des charges de ses groupes, et cette respiration est clairement un plaisir pour les écoutilles. Les fans hardcore de Slipknot crieront certainement au scandale, mais qu'importe, CMFT est un foutu bon disque. Tout simplement.
Publié dans le Mag #45