Corderaide, quatuor rock de Metz, a livré en juin dernier un 8-titres naviguant entre musique électronique, voire indus, et noise-rock/post-punk. Voilà pour l'éventail artistique de Des vestiges, des matériaux, des spectres qui, à quelques exceptions près (on pense à la chanson éponyme qui exploite le dub pour une introspection offrant un droit à l'errance), ne va pas plus loin. Et c'est bien assez pour fournir une variété équilibrée en 38 minutes. Après une intro patchwork de bruits parasites, "Lévrier afghan" détale dans une noise attrayante scandée qui rappelle un peu Sooma. "Noir(e)" est plus mystérieux avec sa tension permanente qui nous fait perdre un peu le fil. On zappe sur l'étendue sonore d'"A.R.P.", et son electro-rock hypnotique à l'expressivité vocale assumée. "3 r2 3" remet une dose d'acide et d'âcreté sur la toile avec des teintes post-punk que nos anciens ont bien connus durant leurs jeunesses dorées. Pour reposer les oreilles, Corderaide a trouvé la solution en balançant un morceau éponyme au tempo anesthésiant, avant de nous achever avec un "N.S.L." métronomique dont l'intro aurait pu être composée par Laibach avec une progression noise-punk invitant au défoulement sur le thème des JO de Paris qui se retrouve persiflé par les Messins. Avec ce disque, Corderaide contribue (comme beaucoup) à éveiller les esprits... et les oreilles !
Publié dans le Mag #63