Constants - If tomorrow the war Ils sont comme ça les Constants. Leur The foundation, the machine, the ascension en forme de symphonie post-rock fleuve était à peine sortie chez The Mylene Sheath qu'ils étaient déjà à pied d'oeuvre sur la suite. Un an plus tard, celle-ci a pour nom If tomorrow the war, est produite par un certain Justin Broadrick (Godflesh, Jesu...) et voit le groupe compacter son format à moins de 38 minutes pour 8 titres d'un post-rock/émo/alternatif aux mélodies popcore abrasive. Et surtout, cette fameuse suite prend la forme d'un nouvel album (le quatrième de la discographie du groupe) sorti un peu partout dans le monde ; Radar Recordings et Science of Silence Records pour le continent nord-américain, Make My Day Records (ADAI, Caspian, Junius) pour l'Europe alors que Stiff Slack devrait s'occuper de l'édition nippone, preuve de l'intérêt grandissant que suscite le groupe un peu partout...

Un décollage avec "Your daughter's eye" tout en immédiateté émo-rock, une trame mélodique orientée popcore affirmée et comme on l'attendait un peu une production cinq étoiles (vu le calibre de l'ingé son/producteur, le contraire eut été quand même surprenant) font le reste : Constants ne connaît pas le retard à l'allumage et va rapidement se retrouver en orbite avec l'énorme "The sun, the Earth". Là on s'assoit bien sagement, on se sangle au fauteuil et on prend la claque. Densité maximum du côté des instrumentations, portée par des guitares en furie et un double chant alternant la clarté mélodique et l'émo écorché vif, des arrangements qui laissent les enceintes carbonisées derrière eux et un groupe toujours au sommet de son art, quand bien même il a cette fois cherché à écrire des morceaux plus courts et compacts que sur The foundation, the machine, the ascension.

Enchaînant les pépites comme d'autres enfilent les perles ("Maya ruins", "In dreams"), insufflant une énergie démente à des compositions qui ne manquaient déjà pas d'atouts sur le papier en même temps qu'il les parsème de quelques discrètes touches électroniques, le groupe réussit le tour de force de mélanger dans un même tube à essais émo, post-rock, pop-core, metal alternatif et electronica ("Spiders in white", "Halloween in New Orleans"...). Et c'est armé d'un riffing des plus pénétrants ("A quite edifice"), d'un double chant en parfaite osmose avec les instruments, de quelques crescendo éruptifs à souhait et de quelques nappes ambient/rock synthétiques, que Constants bâti avec cet If tomorrow the war au titre lourd de sens, pièce après pièce, un édifice musical à l'architecture aussi complexe et raffinée que son rendu final est somptueux... Ce malgré quelques lourdeurs et autres facilités mélodiques un peu clichées, lesquelles font du reste passer cet album à peu de choses du statut de chef-d'oeuvre du genre. Sinon c'est un quasi sans faute de plus à mettre au crédit du groupe. Et en plus, le digifile de l'édition européenne est superbe...