Constants - The Foundation, The Machine, The Ascension The foundation, the machine, the ascension, 3 mouvements, douze compositions, un tout petit peu moins d'une heure de musique pour une symphonie post-rock de grande classe. Livré dans un élégant digisleeve (après Caspian, Gifts from Enola ou Junius, il est remarquable de constater à quel point The Mylene Sheath apporte toujours autant de soin à ses sorties, à méditer pour certains labels donc...), l'album se dévoile comme une synthèse de ce que la scène post-rock nord-américaine (mais pas que...) a pu apporter lors des dix dernières années. Un spectre musical assez proche de ses voisins de labels, une petite ressemblance à aller chercher vers Mono, un chant d'une rare intensité, des arrangements stratosphériques et des ambiances tantôt ouatées, tantôt plus enflammées, Constants délivre ici une musique respectant à la lettre les codes du genre, sans surprise donc, mais le fait avec une classe cinq étoiles.
Crescendo, decrescendo, puis re-crescendo, poussées de fièvre mélodique, une architecture instrumentale raffinée, cet album est un véritable grand huit musical traversé de part en part par des morceaux à la densité rare, aux qualités mélodiques irréprochables. Un premier mouvement notamment marqué par le diptyque "Those who came becore Part.I& II", quelques passages plus intimistes ("Damien") et une mise en orbite solidement maîtrisée ("Genetics like chess pieces"), Constants pose des bases solides et s'envole définitivement avec le deuxième volet : "The machine". "The nameless" donne du reste le ton d'entrée de jeu. Loin de s'adoucir, la musique des Bostoniens gagne progressivement en puissance et gravité en s'éloignant un temps des sphères célestes pour dévoiler son versant le plus tellurique. Compacte, elle dresse des murs de sons devant nous mais parvient à le faire, avec une certaine légèreté, sans nous projeter les éléments musicaux en pleine figure. Tout est ici dans la suggestion, "The timeless" appuyant de fait ce constat avant que l'excellent "Identity of indiscernibles" ne durcisse de nouveau son propos jusqu'à conclure en apothéose ce second mouvement avec "Eternal reoccurrence".
Troisième et dernier acte de l'album, "The ascension" voit le groupe prendre encore plus d'altitude avec un nouveau diptyque : "Abraxas Part I & II", quintessence du post-rock ample, évanescent et dynamique dont les Constants se sont faits les chantres depuis le début de l'album ; avant de conclure sur deux derniers morceaux tout aussi maîtrisés, épilogues d'une oeuvre réellement envoûtante, savoureusement dessinées. Boucles de guitares, rythmiques enlevées, atmosphères très travaillées et chant à l'avenant, les Nord-Américains se livrent sans complexe avant de laisser parler le côté le plus ambiant de leur son, le saturant un peu plus pour lui donner une tonalité presque shoegaze ("Ascension"). Des textures sonores renvoyant aux travaux de Justin Broadrick (avec lequel, les Constants travailleront d'ailleurs sur le successeur de ce The foundation, the machine, the ascension), avant le final attendu de l'album : "... passage ". Un ultime tour de piste aux entrelacs mélodiques harmonieux, au motifs post-rock esquissées avec finesse et une ultime explosion de guitare libératrice, le groupe peut refermer cet effort avec le sentiment du travail accompli, l'auditeur avec l'assurance d'avoir découvert une jolie pépite post-rock... Les inconditionnels du genre y trouveront assurément leur compte.