monsieur_gainsbourg_revisited.jpg Cet album sorti le 6 mars 2006 est bien plus qu'un hommage dédié à l'homme à la tête de chou, disparu 15 ans plus tôt. C'est une preuve irréfutable du talent magistral et atemporel de Serge Gainsbourg, que l'on (re)découvre avec un plaisir non dissimulé, mais c'est aussi un véritable tour de force orchestré par un homme, Boris Bergman, célèbre parolier, qui a su d'une main de maître, adapter en anglais 14 titres phares, tout en respectant et en transcendant l'esprit de Serge Gainsbourg, avec toute la finesse, l'intelligence, le doigté et la sensualité nécessaires. Un travail fastidieux qui aura duré 4 longues années, car il ne s'agit pas d'une simple traduction littérale des textes de Gainsbourg, c'est tout un univers, toute une personnalité que l'on retrouve au travers de titres et d'arrangements finement ciselés, peaufinés dans les moindres détails et interprétés chacun avec beaucoup de classe, de dignité, de sensibilité et de sincérité, par des artistes dont le talent n'est plus à démontrer, et qui, au-delà d'immortaliser l'oeuvre de Gainsbourg, la magnifient purement et simplement.
Du beau monde s'est effectivement invité chez Monsieur Gainsbourg, notamment 3 de ses interprètes originelles (Jane Birkin, Françoise Hardy et Dani), mais aussi des monstres sacrés comme Marianne Faithfull, Michael Stipe (R.E.M.), et des plus jeunes issus de la scène pop-rock actuelle (Placebo, Franz Ferdinand, The Kills, Cat Power, The Rakes, Portishead, Jarvis Cocker, Feist, Carla Bruni). Les titres s'enchaînent, tout aussi réussis les uns que les autres, mélangent de façon harmonieuse des sons tantôt jazz, pop, rock, électro, et nous enveloppent dans une bulle musicale sensuelle, qui a l'odeur et la couleur propres à son auteur. Mais deux titres sont tout particulièrement somptueux, et frisent la perfection, tant la puissance émotionnelle et la beauté qui s'en dégagent nous pénètrent de toutes parts et nous laissent sans voix : de purs moments de bonheur, qui nous font inéluctablement frissonner et/ou fondre de plaisir, j'ai nommé (roulement de tambour) "L'hôtel" interprété par un Michael Stipe époustouflant, ténébreux et majestueux et "I call it art" interprété par VV de The Kills, toujours aussi envoûtante lorsqu'elle s'approprie une chanson. Du grand art donc, que l'on doit à Monsieur Bergman, et que l'on ne remerciera jamais assez car le jeu en valait terriblement la chandelle.
On ne peut que se retrouver en totale admiration devant cet album, qui vaut son pesant d'or, et qui représente en soi une véritable prouesse artistique, tant sur la distribution exceptionnelle, que sur son contenu émotionnel. On plonge avec délectation dans cet univers qui nous permet de (re)goûter au talent inestimable d'un Serge Gainsbourg, certes revisité et accommodé à une sauce anglaise, mais tellement vivant, et érotisant que ça en devient presque indécent. Un album à se procurer de toute urgence et à déguster sans modération, en espérant qu'il trouve un écho digne de ce nom auprès d'un public toutes générations confondues, et ce, à l'échelle mondiale.