Collapse Under the Empire - Fragments of a prayer Il se sera écoulé moins d'un an entre la sortie du très classe Shoulders & giants et ce Fragments of a prayer, disons le tout de suite, à la beauté ineffable. Un nouvel opus signé Collapse Under the Empire, le duo ambient/post-rock allemand qui soutient aisément la comparaison avec ses glorieux contemporains britanniques de Mogwai, islandais de Sigur Ros, américains d'Explosions in the Sky ou japonais de Mono et une petite merveille du genre. La marque des plus grands donc, une fois de plus confirmée par ce que recèle ce recueil de dix titres classieuse et élégants, portés par une écriture très fine et une intensité émotionnelle rare.

L'éponyme "Fragments of a prayer" ouvre majestueusement le bal et "Breaking the light" lui emboite le pas de danse jusqu'à l'emporter dans un étourdissant tango post-rock délicatement enveloppé de mélodies instrumentales scintillantes. La formule est implacablement maîtrisée, voire plus encore, mais le duo sait pertinemment que l'appliquer de manière systématique, peu importe son talent, reviendrait à verser dans la redite. Et ça, les Collapse Under the Empire n'en veulent pas, alors ils varient les mouvements en insistant sur la dynamique rythmique pour densifier un peu plus des compositions qui gagnent alors en ampleur, en corps et de fait, en attractivité alors que le binôme sort peu à peu du schéma post-rock traditionnel (les très réussis "In the cold" et "18 Seconds").

Particulièrement cinégénique, la musique des allemands et les dix morceaux composant Fragments of a prayer résonnent comme autant de bandes-sons idéales de métrages n'existant pas (encore) et c'est après ces quatre premiers titres déjà euphorisants que Collapse Under the Empire lâche un "Closer" parfaitement éblouissant du début à la fin. Se libérant cette fois complètement d'un carcan post-rock définitivement trop étroit pour lui, le duo sublime son écriture, qui entre orchestrations du plus bel effet, confusions électroniques recherchées, progressions épiques ("Distance", "The beyond"), un sens aigu de la dramaturgie musicale et de la mise en scène musicale ("Opening sky", "When the day fades away"), fait de ce nouvel album un bijou (magnifique "The great silence") du genre...

... confirmant par la même occasion que Collapse Under the Empire n'a pas tout d'un grand, il l'est déjà.