Collapse Under the Empire | Mooncake - Black Moon Empire Idée quand même plutôt osée, casse-gueule mais terriblement excitante que celle de sortir un split de deux groupes relativement inconnus lorsque l'on est un label... pour le moins méconnu et que l'on cherche pourtant à frapper un grand coup sur une scène musicale qui ne manque pas de représentants. Oui, beaucoup d'écueils pour parvenir à sortir de l'anonymat vu sous cet angle et pourtant cela n'a pas vraiment freiné le label Oxide Tones qui avec ce Black moon empire orchestre la rencontre avec ses compatriotes de Collapse Under the Empire (que l'on ne connaissait pas du tout, au W-Fenec, avant ce split) et les russes de Mooncake... que l'on ne connaissait pas plus avant de recevoir ledit objet.

Pas mal d'inconnus donc dans cette nouvelle équation musicale et d'ores et déjà des indices qui attisent la curiosité. On nous parle d'un côté d'un groupe qui cite en référence Mogwai, Explosions in the Sky ou 65Daysofstatic (CUTE en l'occurrence), de l'autre d'un collectif "qui ne cherche qu'à créer" une musique qui lui soit très personnelle et qui partage la scène avec Caspian et God Is An Astronaut (Mooncake donc). En bref, la crème de la crème... et un raisonnement qui nous conduit à nous laisser emporter par l'éponyme et inaugural "Black moon empire", un titre collaboratif pour les deux groupes qui se mélangent ici pour livrer une très belle pièce de post-rock stratosphérique et envoûtant. Un titre assez proche des sphères soniques d'un Sigur Ros, beau et classieux à la fois même si on ne sait donc alors pas ce que l'on "doit" à tel ou tel participant.

La réponse viendra quelques instants plus tard avec quatre morceaux, deux pour chaque groupe : "Spark" et "T.S.D" pour Collapse Under Empire ; "Turquoise" et "Novorossiysk 1968" pour Mooncake. Les premiers cités livrant ici deux titres radicalement différents : un "Spark" résolument rock instrumental, frondeur, subtil et tortueux, puis un "T.S.D" dans la plus pure tradition post-rock, plus linéaire, intense, étincelant, marqué par le traditionnel crescendo immersif en guise de climax. Les russes, quant à eux, se distinguent de leurs contemporains allemands par un songwriting pudique extrêmement dépouillé et un raffinement exquis dans les harmonies, loin des codes habituellement usités de la mouvance "post-rock". En deux titres, Mooncake jongle avec les paradoxes, s'inscrivant par moments dans la lignée de ses "inspirateurs" et de l'autre côté, s'en affranchissant totalement, pour créer quelque chose qui soit réellement inspiré et, comme chez CUTE, élégamment façonné.

Deux groupes, cinq morceaux dont un "réellement" en commun, un horizon post-rock plutôt largement passé en revu pour mieux en repousser quelques limites, le tout avec un sens aigu de la retenue et de la maîtrise, ce Black moon empire est certainement LA pépite méconnue du moment dans ce genre là. Et deux "nouveaux" groupes à suivre en prime. Merci Oxide Tones.