Cøllapse m'avait conquis avec The sleep in me aux compositions enlevées et ce malgré une production quelque peu frustrante. Pour s'améliorer, les Grenoblois ont travaillé cet aspect mais aussi tous les autres, ils reviennent donc avec un album encore plus enthousiasmant.
Pourtant, le sujet d'Ἀnáykh (désolé pour la retranscription mais les caractères grecs ne passent pas partout) ne représente pas spécialement la gaieté ou l'espoir, le terme qu'on pourrait traduire par "fatalité" invite plutôt à réfléchir sur la destinée et quand on connaît l'importance des titres pour un groupe instrumental, lire comme premiers mots "Spiral down" donne une indication assez nette... Plus loin on trouve "Yōkai", une sorte de fantôme pas tout à fait sympathique du Japon, un début d'opus hanté par le doute mais une atmosphère qui s'éclaircit plus loin avec "Ljómi", terme islandais (?) qui évoque la luminosité, ou "Lotus" symbole de pureté. On oscille entre les humeurs mais l'ensemble reste toujours très charnel, très organique alors que le post-rock de The sleep in me pouvait parfois sembler distant et analogique, ici on est davantage connecté au récit, impliqué dans cette aventure où les rebondissements sont constants. Les titres sont très dynamiques, ne s'enferment pas dans des schémas simplistes ou classiques, on est presque toujours en mouvements et quand ceux-ci se font plus lents, le groupe bidouille, ajoute des boucles, du clavier, des voix (le court mais stressant "2=8") pour ne pas nous laisser tranquillement profiter de ce répit (sauf sur "Ljómi").
Jouant sur les structures, les sons, les ambiances, les rythmes, Cøllapse nous immerge dans son monde instrumental où il se passe toujours quelque chose, on part avec eux en voyage autour des émotions, qu'elles soient froides ou chaudes peu importe puisqu'avec elles, on se sent toujours vivant.
Publié dans le Mag #55