clutch_artwork Précédés d'une réputation solide de véritables bûcherons donnant dans le stoner metal qui balance, la faute notamment aux deux EP Impetus et Pitchfork, ainsi qu'à un premier album (Transnational Speedway) qui en aura laissé plus d'un sur le carreau, les Clutch font chauffer le moteur du hummer avec deux titres mélangeant stoner (très) lourd, flow particulièrement rugueux, influences jazzy, hardcores et un soupçon de sonorités à la Isaac Hayes (celui-là même qui a signé le thème du film Shaft), deux titres se ressemblant étrangement et du coup baptisés "Big news I" et "II". Simple et efficace.
Apôtre d'un stoner rock incandescent et vindicatif, Clutch pose ici les bases de ce qui sera ce style si particulier qui a fait et qui fera sa renommée aux quatre coins du globe. Urgent, très "rentre-dedans", le desert rock furieux des américains ne s'embarrasse pas des convenances et va droit à l'essentiel. Au premier regard, enfin à la première écoute, les membres du groupe s'érigent en guerriers du stoner avec "Rock'n roll outlaw" ou "Texan book of the dead". D'une lourdeur assez impressionnante même pour du stoner, le son de Clutch claque sur les enceintes et n'en finit pas de surprendre.
Heavy et trempé dans l'acide, cet album respire le désert, ses cactus, ses canyons et sa chaleur étouffante, les titres s'empilent sur le lecteur CD, nous assèchent la glotte et carbonisent les enceintes. Clutch nous offre du stoner/ metal comme on en a rarement vu avant, oubliez les Kyuss, Queens of the Stone Age et autres Fu Manchu, ces américains donnent dans un rock dur, racé, âcre aux nuances hardcores largement perceptibles ("Spacegrass"). Rien à dire, certains morceaux balancent le groove déjà puissant et sans concession ("Animal farm" ou "7 Jam") qui atteindra son summun à l'occasion de Pure rock fury. Le chant de Neil Fallon peut rebuter tant il paraît rocailleux et justement "non chanté" ("The house that peterbuilt"), mais une fois que l'on se fait à l'habitude, on se rend compte qu'il cadre parfaitement avec le son des ses compagnons de jeu.
Direct, viril et rageur, l'uppercut Clutch laisse des traces et reste gravé dans nos mémoires. Pas le meilleur album du groupe, mais un disque écrit dans une veine typiquement stoner, c'est-à-dire très brut, implacable et avec les tripes, en clair un disque qui révèle ce qu'est la vraie nature de ce groupe hors normes. A ne pas mettre entre n'importe quel mains. Vous aurez été prévenus.