clutch_jam_room_artwork 1999, Clutch a déjà sorti plusieurs albums, EP et autres maxi-CD, affirmant par là un style forgé dans le stoner rock qui défouraille et une personnalité assez détonante au sein d'un système, où un groupe signé sur une major ne peut fait que ce que la "direction artistique" de ladite major lui demande. Pas vraiment la tasse de thé de Clutch, alors le groupe ce lance dans le projet de Jam room, un album de stoner au concept simplissime : laisser la plus grande part possible à l'improvisation. Connaissant les talents des membres de Clutch, on risquait d'assister à un gros boeuf, genre jam session groovy et bien rock'n roll, le truc qui allait en mettre plein les mirettes et nous filer la patate pour la journée. Et c'est à peu de chose près ce à quoi ressemble cet album. Une suite de titres plus moins ou moins jazzy, psychédéliques, voire limite funky et country (!?), parmi lesquels, des morceaux tels que "Big fat pig", "Raised by horses" et "The drifter" sortent assez aisément du lot.
Si la majorité des titres sont à réserver aux véritables inconditionnels du genre, Clutch se laissant fréquemment aller aux impros les plus diverses et variées, Jam room a au moins le mérite de voir le groupe se mettre en danger et à prendre encore une fois des risques presque inconsidérés en refusant catégoriquement toute forme de formatage calculé. Véritable espace d'expression libre, laboratoire d'expérimentations stoner les plus diverses et variées, ce disque doit, avant tout, être vu comme un exercice de style et de virtuosité formelle avant d'être vu comme un véritable Long Play. Clutch laisse d'ailleurs ici, une large place aux titres instrumentaux, lesquels se font plus rares sur les autres opus du groupe. Un peu à l'image du travail de Kyuss sur Blues for the red sun, les natifs du Maryland livre plages musicales très personnelles ("One-eyed dollar", "Super dupper"), voir absconses ("Bertha's big backyard") et laissent avant tout s'exprimer leur groove si particulier ("Swam boat upside down"). On notera néanmoins que le groupe nous gratifie d'une version alternative du remarquable Sinkemlow, titre que l'on retrouvera sur l'album suivant du groupe, Pure rock fury.
Au final, on considérera que Jam room est sans aucun doute le disque le moins accessible du groupe et qu'il n'est pas vraiment le meilleur moyen de découvrir ce qu'est véritablement le son de Clutch lorsque l'on est néophyte. Il est dans ces cas là préférable de commencer par Blast tyrant ou Pure rock fury, Jam room étant sans doute plus à réserver aux inconditionnels purs et durs du groupe.