Green Lung Green Lung J'arrive en avance et sais que mon binôme de la soirée arrivera en cours de soirée. Les Anglais de Green Lung ayant posté leur soundcheck sur Instagram, je sais qu'il y a un crash barrière et que les photos pourront être plus variées que celles prises pour le concert de Black Midi dans cette même salle, concert pour lequel aucun crash n'avait été installé.
Je me positionne donc pour aller shooter les premiers anglais de Tigercub à une heure où le match n'a pas encore débuté. Le groupe arrive donc avec le sourire, qu'ils perdront à la fin de la soirée alors que nous tentions de les aborder en parlant du match...

Signés récemment sur le label de Stone Gossard (Pearl Jam) et Reagan Hagar, les Anglais attirent notre attention dans un style qui est pourtant différent de celui de la tête d'affiche du soir. Le groupe formé en 2011 semble pourtant timoré sur scène, mettant plusieurs titres avant de trouver ses marques et de se lâcher. Le chanteur Jamie Stephen Hall parait immense sur scène et semble difficile à photographier et il s'avère que le mec me prend une tête si vous ajoutez à cela le fait que le groupe joue dans l'espace que lui laissent les batteries de Green Lung et Clutch, la perspective donne le vertige. Le leader accompagné de James Allix (batterie) et Jimi Wheelwright (basse) trouve peu à peu ses marques.

Passé "Favorite Song", le titre "Sleepwalker" issu de leur deuxième et dernier album en date As blue as indigo commence à faire vraiment vrombir les murs du Bataclan. Le morceau "Blue Mist in my head" aux relents Foo Fighteriens se termine et il est temps d'aller chercher le plan large à l'étage pour rendre compte de la ponctualité des parisiens pour cette belle affiche un soir de match. Le temps de croiser Michel Valentin du Parisien qui nous prendra deux photos pour son article car ce soir, il faut se l'avouer, le crash photo n'est pas plein malgré une superbe affiche. Ce n'est pas Virginie, collègue photographe - croisée aux côtés de Culotte du superbe groupe folk Still (revenez ! vous nous manquez) - qui attend toujours la réponse de sa demande d'accred qui dira le contraire. Le temps de prendre une petite mousse au bar pendant que le groupe enchaine un combo "The perfume of decay", certainement le morceau le plus lourd de la soirée, et "Stop beating on my heart (Like a bass drum)" très aérien et chanté.
Le dernier morceau du set est "Beauty" qui va définitivement chercher vers la basse lourde du combo de Josh Homme époque Songs for the deaf avec un certain brio qui dénote néanmoins un manque d'éloignement de la musique de ses pairs. Une excellente mise en bouche pour cette soirée. Tigercub est un groupe à suivre qui avec un peu de maturité saura trouver un style qui lui est propre.

Setlist : Favourite song / Sleepwalker / Blue mist in my head / Memory glands / The perfume of decay / Stop beating on my heart (Like a bass drum) / Beauty

Clutch Clutch Green Lung monte sur scène révélant deux posters sur les côtés chacun présentant un bouc marchant sur ses deux pattes arrières... Bienvenue dans le monde de l'occulte. Green Lung a été plébiscité par la presse anglaise et figure parmi les jeunes groupes de metal britanniques les plus convaincants actuellement. Leur style oscille entre le hard rock doomy et le proto-metal. Le groupe entame son set par le morceau éponyme de leur premier album, "Woodland rites". Les membres arborent tous fièrement les tatouages représentant les différents logos du groupe, réalisés à Frankfort la veille. Les Anglais envahissent plus d'espace, au propre comme au figuré. Les cinq membres du groupe ont plus d'espace que le trio qui les a précédés et il est évident qu'ils sont là pour en découdre. Même si pris isolément, il serait impossible de croire qu'ils font tous partie du même groupe. La section rythmique a un style "passe partout" alors que le clavier et la guitare présentent plus un style baba cool avec bandeau et cheveux longs, tandis que le chanteur ne dépareillerait pas dans Black Rebel Motorcycle Club. La formation nous joue un heavy à l'anglaise mâtiné de Black Sabbath et maitrise parfaitement son sujet. Les claviers accompagnent les guitares mais savent aussi produire des solos dignes de messes sataniques. Il est évident que le groupe ne joue pas dans la même ligue que les Tigercub.

Le groupe enchaine ensuite sur deux supers morceaux de leur dernier album sorti en 2021 mais qu'ils défendent réellement sur cette tournée en 2022. Les titres "Leaders of the blind" et "Old golds" réveillent définitivement le public et les photographes doivent déjà quitter le pit. Le fait de prendre du recul confirme que la salle est chaude et est prête à accueillir la tête d'affiche. Le morceau "Graveyard Sun" se fait balade typée 90's avec une montée en puissance. Cette chanson restera certainement l'un des climax de la soirée car il y a comme un écho aux évènements passés dans cette salle. Un mix de moments calmes et une accélération tout en lourdeur. Comme si ceux du 13 novembre étaient là, un moment un peu mystique qui sort certainement de mon imagination mais qui restera, de longues années, gravé dans mon esprit. Restant dans la thématique, "Reaper's scythe" continue le set d'une belle manière pour être ensuite conclu définitivement par "Let the devil in" et un riff de guitare quasi incantatoire. "Let the devil" conclura la prestation dans le même thème et la salle est désormais chauffée à blanc avant l'arrivée de Clutch. Le groupe aura joué 4 titres de son dernier album Black harvest et deux de son précédent Woodland rites. Un set beaucoup trop court tant ce groupe est une belle découverte mais nous sommes là pour Clutch et il est temps qu'ils montent sur scène.

Setlist : Woodland rites / Leaders of the blind / Old gods / Graveyard sun / Reaper's scythe / Let the devil in

Clutch Clutch Clutch arrive sur les planches à peu près à l'heure à laquelle les Bleus entrent dans le stade au Qatar. La veille au soir, les Américains avaient joué le dernier album en intégralité, nous n'aurons ce soir que 4 morceaux, mais qu'importe tant leur discographie leur permet de jouer aisément deux heures sans aucune fausse note. Le chanteur Neil Fallon, à peine entré sur scène harangue la foule pour faire monter encore la température de quelques degrés. Le Backflag derrière le batteur est désormais totalement visible avec la pochette du dernière album surplombant le groupe, qui lui, contrairement au frontman sera plutôt fixe sur scène. Tim Sult à la guitare et Dan Maines à la basse semblent figés sur place tant ils sont concentrés sur leur instrument respectif. "Passive restraints" de 1992 ouvre la soirée et nous prouve que Clutch n'est pas venu faire de la figuration. Le public attend les nouveaux titres avec impatience tant l'album recèle de nombreux hits dont le quasi éponyme "Slaughter beach" qui sera particulièrement bien accueilli.

La formation piochera ce soir dans la plupart de ses albums, notamment Blast tyrant qui verra trois de ses titres joués et il en sera de même pour Earth rocker ou Psychic warfare. Les deux derniers titres avant rappel nous font découvrir un Neil musicien avec son harmonica et une plus inattendue avec une cloche à vache sur "DC sound attack". Le set se termine par un morceau qui dénote dans la setlist par son coté psyché avec des lights à la hauteur de ce qui pourrait s'apparenter à une invasion Alien sur "Spacegrass". De retour après le rappel, le groupe enchaine tout de suite avec "Ghoul wangler" et juste après ce titre, Neil nous félicite pour la victoire des Bleus avant d'entamer un de leur titre les plus connu, "Electric worry". Et leur "We'll come back this summer" était annonciateur de leur venue au Hellfest en tant que tête d'affiche. Comme le disent les Inspector Cluzo qui ont eu la chance de tourner avec eux aux US : « Comme tous les vrais bon groupes, Clutch est toujours régulier, pas de haut et de bas toujours régulier, la marque des grands. » Après ce concert, il est évident que les français ont raison sur Clutch.

Setlist : Passive restraints / The mob goes wild / Earth rocker / Red alert (Boss metal zone) / Nosferatu madre / (Notes from the trial of) La Curandera / The house that peterbilt / Sucker for the witch / Skeletons on Mars / X-ray visions / Firebirds! / Slaughter beach / Burning beard / The regulator / D.C. sound attack! / Spacegrass /// Ghoul wrangler / Electric worry / The face