Clearlake

Biographie > Les lumières de la pop anglaise

On aura beau dire, si le Royaume-Uni a su nous livrer des perles telles que Radiohead, Archive ou My Bloody Valentine, il a également donné naissance à une belle colonie de formations toutes plus médiocres les unes que les autres (là, la liste serait trop longue donc on va s'abstenir...). Parmi ces dizaines, voire centaines de groupe à l'ambition chevillée au corps et qui veulent sortir du lot à n'importe quel prix, quitte à vendre leur âme à Diable, infiniment peu s'imposeront dans la durée par leur talent, leur personnalité... En plein coeur d'un style musical où tout est de plus en plus marketé, calibré, aspetisé pour vendre aux masses Clearlake fait un peu figure d'exception. Délaissant ainsi les avances de Faust pour des mélodies inspirées et extrèmement soignées, ce groupe est depuis 2000, l'un des plus sûrs espoirs du genre, outre-Manche. Composé de Jason Pegg (chant, piano, guitare), Sam Hewitt (synthé), Woody Woodward (basse, omnichord) et James Butcher (batterie), Clearlake réussit également, depuis ses débuts, le tour de force d'allier qualité et quantité. Relativement prolifique, le groupe a ainsi sorti deux albums (Lido en 2000 et Cedars en 2003), ainsi que bon nombre de singles et EP (dont l'excellent Wonder if the snow settle) lors de ces 5 premières années d'existence. Signé chez l'ambitieux Domino Recordings (Arctic Monkeys, Pavement, Loose Fur, Elliott Smith, The Kills), Clearlake débarque sur le W-Fenec au printemps 2006 avec sous le bras, son troisième effort studio : Amber, précédé quelques jours plus tôt du maxi Neon.

Clearlake / Chronique LP > Amber

clearlake_amber.jpg Il y aurait beaucoup de choses à dire sur les groupes auxquels la musique de Clearlake renvoie le temps des douze pépites indie-pop que recèle Amber. Découvert via des échos insistants quant à la qualité de cette formation et par le biais de l'excellent single Neon, ce nouvel opus studio avait alors suscité des promesses qu'il restait au groupe (tâche souvent délicate) à concrétiser. Guitares saturées, mélodies d'une rare intensité émotionnelle, rytmiques impacables, "No kind of life" et "Neon" démontre avec force que les espoirs placés en Clearlake ne l'étaient pas sans raison. Un chant au diapason, une densité sonore paroxystique, quelques solis de gratte qui viennent se greffer habilement à cette ensemble d'une étonnante homogenéité et les morceaux de cet Amber peuvent être légitimement comparés à un Athlete ou Blur. Section rythmique qui balance, refrains taillés pour les stades (l'excellent "Finally free", "Here to learn"), des guitares qui sonnent, un duo basse/ batterie parfaitement en place et un feeling qui fait des ravages, Clearlake en donne à l'auditeur largement pour son argent. Ce, même si un ou deux titres restent un peu en deça des espérances ("I hate It that I got what I wanted"...) tant ils sont rapidement oubliés une fois leur écoute achevée. Se laissant aller à quelques tentatives plus expérimentales avec un "Amber" étrange aux influences mêlant néo-classiques et aspirations bruitistes, pour un résultat peu commun et surtout très surprenant sur un album d'indie-pop tel que celui-ci. Preuve que Clearlake a assez de cordes à sa guitare pour non seulement nous envoûter par ses ambiances ses mélodies, mais également nous surprendre par ses trouvailles sonores. Particulièrement bien produit par deux hommes qui connaissent assurémment leur job (Steve Osbourne s'est chargé de U2 et Jim Abiss est le producteur de DJ Shadow et Kasabian), Amber est un album tout en nuances de couleurs, gorgé de power-pop torturée et de sonorités 60's assumées ("Far away"). Un disque à la fois accessible et inventif ("Widescreen"), soigné et particulièrement raffiné, un effort portant la signature d'un groupe qui a désormais tout d'un futur grand.

Clearlake / Chronique EP > Neon

clearlake_neon.jpg Single EP précédant la sortie d'Amber, le troisième album studio de Clearlake, Neon est là pour démontrer avant l'heure que la flatteuse réputation du groupe n'est en rien usurpée. Radiohead, REM, les comparaisons les plus prestigieuses ont été faites au sujet des premiers efforts de la formation anglo-saxonne. Capable selon de nombreux observateurs avisés de livrer des singles en formes de hits absolus à la beauté dépressive rare, Clearlake se pose en fer de lance de la nouvelle vague brit-pop, intelligente, raffinnée, pas forcément calibrée pour les radios, mais à l'éclat incontestable. Et pour ce Neon, le résultat ne souffre d'aucune discussion, ou si peu... Titre phare de ce maxi, le single éponyme est une véritable pépite pop, intense et savoureuse. Lignes de gratte entêtantes, refrain accrocheur, rythmiques percutantes, Clearlake accouche ici du single ultime, de ces titres qui s'insinuent lentement mais sûrement dans notre esprit, pour je jamais en sortir. Un véritable modèle de single, qui laisse augurer le meilleur pour Amber, d'autant qu'en guise de face-B, les anglais nous livre deux titres ("How long" et "What's it like where you are") ne figurant évidemmant pas sur le tracklisting de l'album mais qui prouvent que le "Neon" ne devrait pas être un coup d'épée dans l'eau. Mélodies tenues, ambiances soyeuses et production irréprochable, le son Clearlake est là et en l'espace de trois titres seulement nous a largement convaincu...