chokebore_black_black.jpg C'est qu'ils avaient le sens de l'humour nos hawaiiens favoris. Une pochette d'un blanc immaculé. Un paysage urbain baignant dans une certaine clarté. La musique du groupe serait-elle devenue miraculeusement lumineuse ? Absolument pas ! C'est plutôt du coté du titre qu'il faut aller chercher des indices : Black black où comment les Chokebore vont proposer une nouvelle facette de leur musique en usant de la recette du "toujours plus". Parce qu'au fond, qu'est ce qu'il y a de plus noir (black) que la musique de Chokebore ? Black black bien sûr ! Toujours plus de cette mélancolie et de cette pesanteur lancinante, toujours plus de guitares acérées et tranchantes, toujours plus de cette humeur profondément hivernale, toujours plus de Troy Von Balthazar, espiègle, venant manipuler les émotions les plus ancrés dans la boite crânienne de l'auditeur.
Durant 13 titres, Chokebore fait cohabiter un rock brut de décoffrage, sans fioritures, abondant en électricité avec une pop à la fois cristalline et à l'apparence plus chétive, voir squelettique. Le groupe module les (dé)plaisirs, varie les rythmes et les émotions. On alterne ainsi d'un "Speed of sound" à la rythmique anémique, caractéristique de la musique "chokeborienne" à un "You are the sunshine of my life" plus enlevé et nerveux. Et ce sont ces deux facettes qui continueront à être explorer au sein de ce Black Black durant presque une heure avec pour lien la voix fluette, délicate et expansive de Troy Von Balthazar. Celui-ci, tel un équilibriste sur une corde raide, semble être constamment au bord de la rupture vocale et livre une prestation unique, reconnaissable entre milles.
Un disque de cette envergure mérite une fin digne de ce nom. Et ça ne manquera pas. En guise de clôture, un "Where is my assassin ?" fantomatique au clavier lo-fi accompagné d'un Troy Von Balthazar tout en modération et en retenue, puis un "The rest of the evening" (la dernière piste de A taste for bitters porte le même nom) de 15 minutes où se côtoie tension électrique, répétitions cycliques et la voix en transe d'un Troy en transe. Black black est à l'image de Chokebore, son entité génitrice : attachant et précieux. Un disque (un groupe) qui se faufile insidieusement dans votre quotidien pour ne plus vous quitter. Un grand moment de rock indépendant et de musique. Culte !