En ce moment, je cumule les chroniques de groupes aux noms bizarres et surprenants (voire complètement nazes, si je ne restais pas poli). Là, il s'agit de Chien Pourri, un duo de dark-pop d'avant-garde monté en 2019 à Toulouse par Maud Cazaux (chant, synthé semi-modulaire) et Iso Couderd (boîte à rythmes, pédales FX). J'ai appris, entre temps, qu'une série d'ouvrages déclinée en épisodes de dessins animés pour les enfants - mettant en scène les aventures d'un chien moche, bête et qui pue vivant dans une poubelle - portait le même nom. De là à dire que Monstre folle, le premier LP de 4 titres du duo, revêt parfaitement les qualificatifs ou bien les stigmates de cet animal animé, est un débat auquel je ne participerai pas.
D'un point de vue purement esthétique, la musique de Chien Pourri est bien plus aboutie que le chien du dessin animé. Sûrement parce qu'elle n'est pas destinée, a priori, aux enfants. Je n'imagine aucun parent passer de l'ambient/électronique sombre et hypnotique à leurs progénitures, ou alors il faudrait découper et sélectionner les parties les plus "relaxantes" ou "neutre", comme cette introduction bourdonnante de "La nuit" qui parait inoffensive de prime abord, et qui sert en réalité d'amorce à un discours/litanie impavide de Maud évoquant... la nuit ! En un seul morceau de plus de 8 minutes, on a déjà saisi en grande partie la quintessence de Monstre folle.
Le duo expérimente en effet un univers sonore minimaliste construit autour de synthés, d'effets multiples et de rythmes programmés sur lesquels un chant féminin se pose soigneusement. C'est pop, accessible, lugubre, mélodique, dansant, flippant, attirant, sans vraiment l'être complètement, un peu comme le côté vaporeux du trip-hop de Portishead et, pour les moins connus, j'affirmerais que nous ne sommes pas loin de la démarche d'Ida Sofar et de Rien Virgule. Autant vous dire que votre serviteur a fortement savouré ce mélange atmosphérique et envoutant concocté par Chien Pourri.
Publié dans le Mag #61