chevreuil_capoeira.jpg Capoëira... comprendre le rapport entre titre du quatrième opus de Chevreuil et son contenu relève de la gajeure. Mais vu le passif du groupe en la matière, au final ce n'est pas vraiment une surprise. Plus original, ">>>+/-<<<" et les quelques mots de Steve Albini en personne présentant le disque, comme quoi, on n'est jamais à l'abri de rien avec le duo français. Après ce bref discours introductif, la mécanique rythmique infernale se met en place, Chevreuil livre avec "Cannibal lover" un brillant exercice de style math-rock, anti-mélodique, d'une maîtrise technique bluffante et que d'aucun trouveront sans doute un peu stérile. Les autres seront déjà sur les rotules... Parce que dès les deuxième et troisième titre de Capoëira, on a compris le truc, niveau accessibilité, ce disque est à réserver de préférence aux initiés. "Gendarme" par exemple, ou "Concorde" et ses instrumentations synthétiques, ses lignes de guitares samplées, toujours cette rythmique implacable et ces compositions bâties sur une éternelle répétition. Hypnotique, mais assez difficile à cerner, il faut le reconnaître. Des compositions telles que ""Afronegro" ou "Breakdance" sont à ce titre des modèles du genre : développant plusieurs couches successives, la guitare se fait quasi chirurgicale. Associée à une batterie métronomique, elle se veut expérimentale, mais également très rock et parvient à captiver l'auditeur comme rarement. Véritable laboratoire de recherche et expérimentations math-rock, Capoëira est un album fait de détails nécessitant maintes et maintes écoutes, chacun d'entre elle permettant d'en découvrir une nouvelle strate musicale. Hybride entre rock bruitiste et éléctro par ses textures synthétiques, cet opus est une oeuvre qui brille par sa radicalisme autant que par son étonnante fluidité, le tout pour une résultat hors-norme et qui trouve notamment sa conclusion dans le surprenant "Solier supérieur". Un morceau où Jamie Stewart (Xiu Xiu), vient jouer les guest en posant des vocaux étouffés sur un dernier titre complètement dans la veine des précédents, le chant en plus. Recherchant toujours à développer une musique quasiment jamais entendue ailleurs, à exploiter de nouvelles trouvailles sonores et pousser plus loin son concept assez casse-gueule, Chevreuil livre là un disque techniquement brillant, artistiquement maîtrisé et au magnétisme évident.