Chapelier Fou - ! - Dis Chapelier Fou, t'as encore rien sorti en 2017...
- Bah, on n'est qu'en mars, hein... je prépare un nouvel album, laisse-moi travailler...
- Oui mais ce serait bien de sortir quelque chose tout de suite quand même... j'ai faim
- Euh, je te réchauffe des trucs du festin d'hier, ça te va ?

Certainement que cet album, une compilation de 3 EPs, a une autre histoire mais c'est un peu à ça que ça ressemble vu de l'extérieur parce que ce ! de 18 titres rassemblent tous les morceaux (dans un ordre retravaillé) des EPs parus entre 2009 et 2011 à savoir Darling, Darling, Darling..., Scandale et Al abama, des EPs vite devenus des raretés et qui contiennent pourtant des pépites, ils ont donc logiquement le droit à une réédition (comme 613) mais sous la forme d'un seul album. Pour ceux qui seraient passés à côté, c'est donc une énorme occasion de rattraper le retard, et c'est mon cas pour presque le tiers des titres, en tout cas ceux de Darling, Darling, Darling.... L'éponyme apporte ces quelques mots répétés qui se perdent à l'infini à l'instar de ces notes de violon pincées qui tombent comme des gouttes d'eau. "Horses" est une escapade lumineuse qui lance "Doodling hands" comme si les deux titres avaient été écrits ensemble, "Superstitions" un amalgame de bidouillages scratchés pour démembrer les danseurs, l'électro "Le grand n'importe quoi" porte bien son nom, "Trèfle" joue sur les sentiments alors que "GmbH" et ses presque 20 minutes concluent cette collection avec une bande son de vieux jeu de console.

Pour les autres, je t'invite à (re)lire les articles parus sur le site pour (re)découvrir plus en détails ces compositions parmi lesquelles "Capitaine Fracasse" où le violon, avec ou sans archet, se mélange avec délice et douceur à d'autres instruments, "Animaux flexibles" où il s'efface derrière les bidouillages en tout genre, "Doodling hands" qui fait la course avec des notes bondissantes et un appareil photo, l'entraînant "Al Abama" entre boîte à musique et carrousel, on se laisse emporter par la mélodie simple qui rappelle l'enfance. Sans oublier mes deux favoris... "Right place and time left" qui prend le temps de s'installer, avec répétition de bidouillages qui se crashent à l'arrière-plan pour mettre en relief un ensemble de notes très pures, espacées et là encore très douces, le piano produisant comme des bulles qui éclatent régulièrement dans un air saturé de petits sons parasites. Et obligatoirement "Scandale !" parce que si le magicien des sons et du violon est souvent très bon, il touche parfois au génie comme ici avec un rythme à faire soulever les foules (avec des redites à la Ravel pour son "Bolero" option ambiance asile de fou à la Ez3kiel sur "Break or die"), téléscopages de sons et de voix ne durent que 200 secondes mais doivent pouvoir s'étirer sur bien plus en live sans que personne ne se lasse.

On dit que certains plats sont meilleurs réchauffés, ce n'est pas cette compilation qui infirmera l'assertion...