Poulpaphone 2008 Poulpaphone 2008 Le nouvel album est porté sur les mathématiques, c'est venu comme ça ou c'était un point de départ pour orienter le nom des titres ?
Je ne sais pas trop, je crois que j'ai toujours eu cette obsession. S'il y a une chose qui relie les choses entre-elles, c'est bien les nombres et les mathématiques. La musique n'échappe pas à la règle, elle est régie par des séries, des proportions, etc. J'ai trouvé assez drôle de jouer sur des croisements entre les titres, quitte à brouiller les pistes, entre "Triads for two" et "Tea tea tea", ou bien "La guerre des nombres" et "Pentogan 3.14".

Le Delta c'est un symbole de changement, qu'est-ce qui a changé chez Chapelier Fou ?
Après quelques années passées à construire puis à développer un système pour pouvoir évoluer seul sur scène de manière intéressante (boucles, séquencing en direct, programmation logicielle), j'ai ressenti le besoin d'aller vers autre chose. Je me sens plus libéré dans ma démarche. C'est comme si auparavant, j'avais besoin de tout ça pour justifier d'être là, de faire de la musique. Maintenant, j'assume dans la simplicité : je suis un musicien.

Le violon laisse davantage de place aux autres instruments, tu ne voulais pas être perçu uniquement comme un "violoniste" ou ton mode de composition a changé ?
Je ne me suis jamais considéré comme un violoniste. Il se trouve que, "par hasard", le violon est l'un des instruments avec lequel je suis le plus à l'aise. Mais pour moi un "instrument", ça porte bien son nom, ce n'est qu'un moyen d'arriver à produire de la musique. J'ai composé différemment sur cet album. Sur les précédents, je partais souvent d'une prise live, donc régie par les lois que je m'étais fixées, dans un cadre fait de boucles, de violon. Mais là, j'ai envisagé les morceaux comme étant vraiment le fruit d'un travail d'enregistrement dès le départ. Je ne me suis pas du tout limité en terme d'instruments et d'arrangements. Je n'arrêtais pas de me dire "pour le live, on verra en temps voulu".

Comment se passent les collaborations avec les invités ? Tu écris la musique en leur laissant de la place ou c'est un travail commun dés le début ?
Il n'y a en fait qu'un seul "invité", c'est Gérald Kurdian sur "Tickling time". Je lui laisse de la place dès le début. Je m'arrête là où, d'habitude, les choses deviennent intéressantes et périlleuses. Puis je lui envoie cette version. Ensuite je retravaille le morceau par rapport à sa proposition. Enfin on réenregistre la voix.
Il y a aussi Maxime Tisserand à la clarinette. J'avais des idées, je lui en ai parlé, on les a enregistrées, c'est aussi simple que ça. Il y a des gens avec qui ça colle tout de suite. Du coup, il se retrouve à partager la scène avec moi pour la tournée à venir.

Tu utilises beaucoup de sons samplés, tu utilises une sonothèque ou tu captes toi-même les "sons" ?
J'ai samplé des centaines de disques quand j'étais plus jeune, à la recherche de boucles ou de notes isolées que j'utilise comme matière première dans des sampleurs. J'utilise toujours aujourd'hui cette bibliothèque que je me suis construit.
Aujourd'hui, je préfère utiliser un micro et enregistrer tout ce qui passe par là : il y a plein d'objets autour de nous, et c'est un honneur de leur donner une vie par la musique.
Sinon, j'utilise bien sûr des samples de sons isolés de boîtes à rythmes glanés sur le net. Mais de manière générale, j'utilise moins de samples qu'auparavant.

Chapelier Fou - Deltas Tu joues un peu partout dans le monde, comment es-tu reçu par le public à l'étranger ?
J'ai eu la chance de voyager pas mal. Je ne peux pas trop savoir, ils parlent presque tous des langues étranges... Globalement, ça s'est toujours très bien passé.

Tu peux jouer dans un musée, la salle de sports d'une école, une piscine ou dans un festival folk en Australie, est-ce que tu adaptes la set-list au public ?
Pas vraiment. Je suis là pour proposer quelque chose de cohérent. Après, les gens adhèrent ou pas, ce n'est pas vraiment mon souci. Toutefois, il y a certains cadres où je sens que je peux me permettre de plus expérimenter que dans d'autres.

Où ou pour qui aimerais-tu jouer ?
J'ai vraiment envie de jouer dans des petites salles, pas forcément des salles de concert. Des friches industrielles ? Une aire d'autoroute ? Un haut-fourneau ? Sous un pont ?

Faute de financement, le film "Protest" a été abandonné alors que la levée de fond du public avait été une réussite, ça refroidit ou d'autres projets peuvent voir le jour ?
Ce fut une expérience vraiment douloureuse : monter un projet, réussir à motiver plein de monde, atteindre un record sur un site de levée de fonds, pour au final laisser tomber, ça fait mal.
Pour résumer, on a été plantés par des mécènes et le projet initial n'était plus réalisable. Les deux réalisateurs sont revenus avec un nouveau projet, très intéressant d'ailleurs, mais ça n'avait plus rien à voir avec le projet pour lequel on avait contacté les gens, et j'ai décidé d'abandonner complètement et de rendre aux gens leur argent. J'ai toujours plein de projets sur le feu, mais sous cette forme plus jamais ça...

Il y a des jours où tu n'as "rien" à faire ? T'en profites pour faire quoi dans ces cas-là ?
Nager, passer du temps avec ma copine et répondre à des interviews.