C'est par une introduction crescendo que le trio rouennais Chalet ouvre son II, un deuxième disque qui, contrairement à son premier, prend cette fois la forme d'un album de 9 titres faisant le yo-yo entre math-rock et post-rock, avec quelques bribes de noise ci et là. Entre titres majoritairement tendus ("Straße Gespielt" en est un très bel exemple), laissant place à des guitares mordantes et cradingues, et morceaux aux sensations plus atmosphériques ("Wave equation (Ode to)", "Promise") : on ne peut pas se plaindre de la vivacité de ce II, ni même de l'envie du groupe à essayer de nous happer dans un monde gorgé de reliefs sonores. Le deuxième disque de Chalet prend ses marques assez rapidement finalement, et de la même manière, on devine dans quoi on s'est embarqué en découvrant au fur et à mesure les plages de ce II.
Les influences de Sonic Youth ne sont pas feintes, même le chant - quand il y en a - passe dans la moulinette ("Amusing glimmer"), et les Rouennais peuvent nous laisser imaginer le malin plaisir qu'ils ont dû prendre à bouffer autant de l'emo-punk que de l'indie rock. La liste des genres est loin d'être exhaustive, en tout cas. Bien qu'en général le rédacteur aime retrouver aussi, à travers les groupes qu'il chronique, des vibrations d'antan, il n'en reste pas moins qu'il adore se faire surprendre parfois à l'écoute d'un disque. Il se trouve que, de notre point de vue, Chalet cumule plus l'efficacité que l'originalité. Plus le fil de l'album se tend, plus le manque de chant crée un déséquilibre, et n'arrive pas à combler justement ce manque d'originalité. Si bien que ses 35 minutes réelles deviennent une heure virtuelle, et cela pèse sur une écoute. Au vu de ce que Chalet propose avec II, un second EP aurait été peut-être plus adapté à la situation.
Publié dans le Mag #53