cecilia_eyes_mountains_tops_are_sometimes_closer_to_the_moon.jpg Mountains tops are sometimes closer to the moon, derrière ce titre élégant se cache le premier album, au packaging particulièrement soigné, de Cecilia::Eyes, un groupe venu d'outre-Quiévrains qui avait déjà très agréablement surpris les amateurs de post-rock poétique avec Echoes from the attic, EP 5 titres où sa musique atmosphérique et onirique faisait jeu égal avec celle de Sweek ou Pillow voire Godspeed You! Black Emperor, ce qui n'est pas rien. Mais que dire d'autre sinon qu'en passant au long-format, Cecilia::Eyes est entré dans une autre dimension. Nous prenant par la main pour nous emmener dans un voyage aux confins de notre imaginaire. Traversant des contrées aux panoramas intemporels ("Flags"), bercé par des pépites post-rock céleste à la douceur infinie ("Too late for a porn movie", titre étrange pour un morceau à la finesse aussi éclatante), le jeune groupe belge use de ses charmes pour nous séduire et y parvient sans grande difficulté. Instrumentations feutrées, mélodies graciles et cotonneuses, harmonies rêveuses et ambiances doucereuses, sa musique nous traverse de part en part pour nous emporter dans des contrées inconnues, voisines de notre eden musical ("Shift/kill", "Song for Alda"...).
L'idylle naissante entre l'auditeur et Cecilia::Eyes est irrémédiablement attisée par les guitares légères qui ondulent avant de prendre de nouveau leur envol et nous émerveiller par leur capacité à produire des compositions soyeuses et ennivrantes. Et ce n'est pas cette mélancolie pudique qui s'empare de Mountains tops are sometimes closer to the moon avec le subtil "One million whales" et son crescendo orgasmique qui va nous faire changer d'avis. Des nappes de guitares shoegaze qui s'embrasent soudainement dans une éruption de lave post-rock incandescente, des vagues musicales à l'intensité émotionnelle rare qui nous submergent, au contraire, le groupe semble emprunter un chemin que seuls des contemporains comme Sigur Ros ou Explosions In The Sky ont su silloner avant lui. Summum de cet album, "Clocks", tout en mélodies claires/obscures feutrées maniant l'épure comme aucun autre, parvient aux détour de quelques instants fugaces de magie pure, à créer un petit miracle sonique. Un moment d'apaisement absolu que Cecilia::Eyes se plaît à rompre avec le dynamique et plus volubile "Our longest winter". Ce, avant d'embrayer sur "Peter Star (my father-in-law's secret)", titre long d'une petite douzaine de minutes et qui adopte un format post-rock relativement classique d'un point de vue formel avant d'en repousser les limites pour en saisir la quintessence. Le résultat, empreint d'une certaine tristesse douce amère est aussi contemplatif que nostalgique. A l'heure de mettre un point d'orgue à son premier album, le groupe raccourcit le format en refermant son Mountains tops are sometimes closer to the moon sur les quelques 3'60 du sublime "Farewell she whispered". Trois minutes et soixantes secondes (c'est écrit ainsi sur le digipak) de musique dominée par un clavier envoûtant. Un morceau post-classique au piano, pas si éloigné de l'oeuvre de Debussy, qui instille une nostalgie douce et à fleur de peau dans une oeuvre fourmillant de subtilités et de pépites mélodiques aussi fragiles que précieuses...