Cécile Seraud-Xaos Les oreilles, c'est comme les fours, des fois, il faut les nettoyer. On subit des vagues sonores de pubs, de médias, d'agressions verbales, des sirènes, des cris, des insanités, des crissements. Des sons qui nous encrassent les conduits auditifs dans un monde décidément trop bruyant. Trop gras, trop acide, trop lourd, trop fumeux, trop pléthorique. Il est alors des musiques qui nous permettent de laver tout ça, de revenir à une ambiance musicale non pas minimaliste mais plutôt mesurée, non pas réductrice, mais plutôt aérienne. Xaos, deuxième album de Cécile Seraud en est un exemple. Tout au long des 14 titres dont les noms (et la pochette) reflètent cette invitation au voyage : "Errance cosmique", "Le spleen de la comète", "On dit que tu fais danser les étoiles"... A l'instar de son précédent LP, Shoden ("ose te déployer" en Japonais) sorti en 2021, la lorientaise Cécile Seraud continue de t'embarquer dans ce Xaos ("chaos" en Grec) avec un piano comme guide et des rencontres discrètes ici et là. Une voix, un violoncelle, une guitare, ou quelques plages purement ambient aux bruitages autant organiques que cosmiques. Car ce qu'il faut retenir de ce chaos, c'est que c'est plus un commencement ou une naissance qu'une destruction, un peu comme l'instant qui a suivi le big bang. Au-delà des tensions de notre monde, le piano de Cécile Seraud développe des thèmes mélodiques, romantiques ou mélancoliques. Entre Chopin et Yann Tiersen, une fausse légèreté bienfaitrice, une réelle beauté salutaire.