Cave In : Perfect pitch black Entre indie rock aux influences stoner pop et réminiscences hardcores (rappelons quand même que le groupe était, à ses débuts, l'une des figures incontournables du genre), "The world is your way" met d'entrée les choses au clair. Entre puissance destructrice renvoyant aux heures des Beyond hypothermia et Until your heart stop et raffinement indie rock, non Cave in n'est pas mort. Au contraire... Après plusieurs mois au cours desquels les rumeurs les plus insistantes et (parfois) avérées ont couru sur la possibilité de la séparation des membres du groupe, les natifs de Boston a finalement décidé de relancer la machine, sans doute trop rapidement remisée au garage. En quittant RCA/BMG après la tournée Antenna, Cave in a sans doute retrouvé un peu plus que sa seule liberté contractuelle. Après des mois passés sur les routes en compagnie de Muse, pour un résultat très relatif (le groupe n'était pas assez commercial ni aux yeux du public qui venait surtout voir Muse, ni aux yeux des dirigeants de BMG qui pensaient que les bostoniens vendraient plus de CD), l'heure était venue de mettre un terme à l'histoire de Cave in, d'autant que Stephen Brodsky, le leader naturel du groupe, était de plus en plus pris par ses nombreux projets parallèles (New Idea Society) ou collaborations diverses et variées (Transmission0, Ramona Cordova). Et pourtant...
C'est parfois au moment où l'on ne s'y attend plus, que l'on n'y croie plus trop que la machine redémarre toute seule, c'est un peu ce qu'il s'est passé avec ce Perfect pitch black. De retour chez HydraHead Records (le label d'Aaron Turner, d'Isis), le groupe a retrouvé l'inspiration et l'excitation consécutive à tout processus créatif. Et les américains de se remettre à l'ouvrage afin de composer une grosse demi-douzaine de titres qui seront un condensé du savoir-faire de Cave in et s'ajouteront à des titres plus ou moins rares sortis sur diverses compilations. Songwriting inspiré, lignes mélodiques affirmées et typées "rock", passages hurlés (résurgences de leur passé hardcore) bétonnés au chant par leur bassiste Caleb Scofield qui remplace Stephen Brodsky dès qu'il s'agit de poser des mines au micro. Intro hurlée pour "The trepanning", sur fond d'heavy rock qui déboîte, sommes nous en territoire hardcore, sur du heavy metal old-school ? La réponse est à double sens, le groupe alternant riffs stoner/ indie rock mélodiques avec les passages les plus violents, joue avec les contrastes pour s'amuser avec tout l'arsenal sonore dont il dispose. Influences stoner à la Queens of the Stone Age pour "Off to ruin" ou "Droned", lignes mélodiques orientées shoegazing pour un "Down the drain", planant, qui évoquera inévitablement le "Sometimes" de My Bloody Valentine, Cave in ose un grand écart facial entre le style de ses débuts et le son de Jupiter ou Antenna. Mélodies indie-rock feutrées à haute teneur émotionnelle, riffs stoner pop qui dérouillent, instrumentations fouillées et violentes fulgurances métalliques, cet album surprend tant par sa variété que le sentiment d'accomplissement et la maturité qu'il s'en dégage ("Tension in the ranks"). Cave in s'offrant à cette occasion une renaissance inattendue et annonciatrice d'un avenir musical qui peut encore nous réserver de très belles choses.