Caspian - Waking season Il va falloir se le tenir pour dit, il y a trois sortes de groupe de post-rock : les groupes de post-rock que l'on appellera normaux (bons, moyens, mauvais etc,.), les groupes de post-rock qui ont vraiment la classe. puis au-dessus encore, Caspian. Une entité qui, quasi trois ans et demi après l'immense Tertia revient sous les feux de la rampe avec un Waking season forcément attendu. Un disque qui joue à faire languir l'auditeur encore et encore, de longues mais savoureuses minutes (l'éponyme "Waking season", "Porcellous") avant de le combler, au terme d'une progression longue de près de 11'30 (cumulées) trouvant son aboutissement sur "Gone in bloom and bough".

Entre Tertia et Waking season, la formation américaine a sorti un (Live at Old South Church) plutôt remarqué dans les hautes sphères spécialisées mais n'a clairement rien perdu de ses qualités de songwriting. Pas plus qu'en termes d'intensité émotionnelles portées par des mélodies qui ici, se retrouvent en lévitation tout autour de l'auditeur et si l'attente aura été longue avant d'aboutir à ce premier climax de l'album, nul doute que le résultat en méritait la peine. Dix minutes et vingt quatre secondes très précisément d'une odyssée post-rock aux enluminures pop scintillantes, ressemblant de près comme de loin à un croisement idéal entre un Mogwai au sommet de son art et un Sigur Ros fidèle à lui-même, soit stratosphérique. Caspian ne touche plus terre et enchaîne avec le très beau "Halls of the summer".

Un quatrième titre qui semble boucler la première partie de l'album, alors même que l'on se dit que Caspian n'évolue pas vraiment sur la même planète que ses contemporains. Et le pire, c'est que la suite ne va faire que confirmer cette impression doucereuse. "Akiko", "Hickory '54" ou encore "Long the desert mile". les morceaux se suivent, les esquisses mélodiques s'entremêlent le long de paysages sonores finement ciselés et Waking season se révèle être un nouveau bijou signé par les Américains. D'autant que si les âmes chagrines pouvaient encore cyniquement espérer un faux pas du groupe sur son final, ce sera peine perdue : "Collider in blue" se dévoile comme interlude sous un halo ambient qui se fond directement dans l'ultime morceau de l'album "Fire made flesh", apothéose sublime d'un disque qui confirme le statut de petite merveille de la scène post-rock qu'est celui de Caspian, un groupe qui sait s'affranchir des codes de son genre de prédilection pour le sublimer.