Capillary Action

Biographie > capilarité ?

Issu de Philadelphie en Pennsylvanie, les Capillary Action (le nom provient d'une théorie physique : la capacité d'une substance à attirer une autre substance en elle) fonctionnent comme un collectif à géométrie variable avec Jonathan Pfeffer à sa tête (le cerveau du projet, voix et guitare). Le line-up est actuellement constitué de Bryan Cook à la batterie et au chant, Sam Krulewitch au clavier et au chant ainsi que de nombreux musiciens venant s'additionner pour les lives. Leur premier effort voir le jour en 2004 et se nomme Fragments : Jonathan (qui a alors 17 ans) est aidé par Jeff Cristiani à la batterie ainsi que Kevin Alexander à la batterie, au clavier et aux percussions. 3 ans après leur premier effort, c'est So embarassing qui voit le jour via Natural selection records (en 2008 en France, distribué par l'excellent label Distile records) et connaît la participation de nombreux musiciens au service de la vision musicale de Jonathan (on retient son souffle, c'est parti !) : Ricardo Lagomasino (batterie), Spencer Russel (basse et voix), Kevin McHugh (clavier), Johnny Butler (saxophone), Matthew Nelson (saxophone), Ryan Snow (trombone), Andy Hunter (trombone), Jeffrey Young (violon), Jessica Pavone (alto), Caleigh Drane (violoncelle) et enfin Zacchary Cristal (percussions). Les Capillary Action c'est également des concerts un peu partout aux USA mais aussi en Europe. Le collectif a ainsi tourné avec un nombre conséquent de groupes parmi les plus connus : Kayo Dot, An Albatross, Dos (Mike Watt et Kira Roessler) et surtout Joe Lally (bassiste de Fugazi) a qui ils ont servi de backing band de luxe durant une tournée aux USA. Et ça, c'est la classe ultime.

Capillary Action / Chronique LP > Capsized

Capillary Action - Capsized Deux raisons font de Capillary Action un groupe important pour votre serviteur : c'est le premier groupe dont j'ai reçu le CD en tant que padawan-chroniqueur, et ce qu'ils font est particulièrement excellent. Après un So embarrassing totalement brillant, il est peu dire que le groupe est attendu au tournant avec ce nouveau cru intitulé Capsized. De la redite, il y en aura pas sur ce nouvel album. Capillary Action propose une mue dès plus surprenante en accentuant cette facette world-music déjà présente dans de légères teintes sur le précédent opus. Le groupe laisse donc tomber ce puzzle protéiforme plein de charmes pour un tout plus cohérent et doté d'une coloration très différente, aux influences toujours aussi imperceptibles. Mais pas de méprise hein, ce qu'ils font est toujours particulièrement excellent, blindé de qualités, pétri de morceaux excellentissimes ("Methheads & mormons", "Feeding frenzy") au groove totalement savoureux et viral, ce n'est juste plus la même musique.
Dès la première écoute de l'album, on sent que deux ingrédients vont se tirer la bourre et en de très nette proportion : la voix de Jon beaucoup plus utilisée que par le passé et la trompette donnant un goût très exotique, presque afro-beat, à cette nouvelle mixture. Paradoxalement, Capillary Action gagne en cohérence mais perd aussi un peu de ce coté fourre-tout qui déstabilisait les sens et qui scotchait l'auditeur sur le premier album. Au bout de quelques morceaux, les dès sont jetés, les premières pistes délivrent aussi un peu le contenu des suivantes. C'est bien l'un des seuls aspects négatifs de cette évolution. Seul les titres "Brackish love" et "Thousand-yard stare" qui proposent des orchestrations sensiblement différentes, viendront apporter un peu de piment à l'affaire. Capsized reste malgré cela une putain d'aventure musicale par un groupe sur lequel il est toujours aussi ardu de coller des étiquettes, d'ailleurs je n'ai cité aucun influence car ce qu'ils font est unique en son genre et difficilement identifiable d'un point de vue génétique. De plus, ce disque fait un bien fou au karma et ça, c'est pas rien. Bref Capsized, c'est du Xanax par palettes. Qui en veut ?

Capillary Action / Chronique LP > So embarrassing

Capillary Action : So embarassing Tu es blasé musicalement ? Tu manques de son bien original ? Heureusement que le W-fenec est là pour te proposer le dernier remède à l'ennui sonore. Un doigt de Jagga-Jazzist pour cette instrumentation jazz ouverte à d'autres influences, une pointe de Converge pour ces coups de sang hardcore sous nitroglycérine, une pincée de Mike Patton pour la voix mi-crooner mi-acrobate et cette propension à s'autoriser les chemins les plus escarpés en matière de musique, sans aucun doute aussi un zeste de Battles pour cette pratique d'un groove totalement singulier et enfin une dose savante de musique latine. C'est la mosaïque improbable qu'a élaboré Jonathan Pfeffer avec son projet Capillary Action.
So embarrassing dessine la musique de Capillary Action sur 11 titres assez courts ou le groupe prend un malin plaisir à jongler avec les étiquettes et à déstabiliser nos repères sensoriels. La schizophrénie des influences de Capillary Action, "Gambit" l 'exploite déjà à merveille : une relative accalmie et des sursauts sanguins de décibels qui s'alternent, une envolée de choeur à l'unisson. Un titre fourmillant d'idées qui s'enchaîne parfaitement avec le génial "Pocket protection is essential" et ses épisodes à rebondissements : un groove cartoonesque qui succède à une décharge de virulence, une partie jazzy feutrée où le clavier vintage prend une dimension savoureuse puis de nouveau ces séquences imbibées au dessin animé de Tex Avery. Un petit bijou de musique comme cet album en contient de nombreux : comment passer sous silence "Elevator fuck" et son clavier enflammé à la tequila, "Paperweights" et son flamenco ensoleillé ou bien "Sexy koala" et sa courte progression loufoque. Inconfortable, la musique de Capillary Action l'est certainement. Elle secoue l'auditeur lorsqu'il se croit en sécurité et le love dans un passage à l'allure plus calme lorsque celui-ci s'est habitué à une certaine furie chaotique. Notre guide, Jonathan Pfeffer, se révèle être un farceur impénitent, nous semant en empruntant les raccourcis improbables ("Paperweights" justement) et aiment à ressurgir lorsqu'on se croit totalement perdu. Labyrinthique, la musique de Capillary Action l'est également dans un sens, mais c'est le genre de labyrinthe ou on est toujours convaincu de retrouver son chemin tôt ou tard avec une belle récompense à clé : la découverte d'un disque totalement hors-normes.
So embarrassing est le type d'album qui donnera des cheveux gris au chroniqueur qui va forcément se demander comment-il va appréhender un groupe à l'identité aussi éclaté et original. Quoiqu'il en soit, les Capillary Action nous livre un disque qui n'a rien d'embarrassant, au contraire : déstabilisant et riche en surprises durant les premières écoutes, jouissif et passionnant à suivre durant les écoutes suivantes. Une des découvertes de l'année en matière de musique un peu barrée ? c'est probable. Merci Jonathan ! Merci Distile Records !