Candy Flesh - Psychotic tales Il y a un côté assez jouissif, même si au fond on les aimait bien quand même, à voir les groupes de la trempe des Kills se faire enterrer deux fois dans la même année par des formations hexagonales ne boxant pourtant pas dans la même catégorie. Les premiers étaient les The Locomotive Sound Corporation avec un EP inaugural fracassant, les seconds sont les Candy Flesh que l'on avait déjà sur le radar depuis un mini-album d'excellente mémoire (Rouge) et qui reviennent confirmer aujourd'hui que ce n'était pas un simple coup de bluff. Bon en réalité on triche un peu histoire d'avoir une intro qui tienne la route, mais la paire Alison Moshart/Jamie Ince n'est que l'une des nombreuses influences qui habitent la musique du groupe ici chroniqué. On citera essentiellement le grunge des 90's (Soundgarden, Alice in Chains et consort) mais surtout le rock des 70's (les Stooges et autres Black Sabbath) qui confère à l'album un délicieux côté old-school, "mixé" à un son très actuel et à des compos qui ont parfaitement digéré le mélange.

Là est toute la qualité de ce Psychotic tales, outre son artwork bien délire, à savoir : proposer du rock avec un grand R, tout ce qu'il y a de plus classieux sur le papier... et pourtant diablement électrisant dans la réalité de l'écoute. "Taste like honey" et "Funny holly" posent les bases, "The voice" porté par le chant de sa charismatique frontwoman, les fait exploser avec une élégance toute féminine, une rage sortie d'on ne sait trop où mais qui éclabousse les amplis de tout son impact. La production, signée Peter Deimel (Anna Calvi, The Last Shadow Puppets, The Kills, tiens tiens...) sied parfaitement au groove du groupe qui envoie alors un "Killer in you" méchamment clasher les enceintes. Si PJ Harvey s'était accouplée avec les Soundgarden pour donner naissance à un cocktail addictif de power-grunge bluesy en mode riot girl, ça aurait certainement donné à peu de choses près "Alice" ou "Desire", assurément deux des meilleurs titres de l'album, qui s'il ne comporte pas de single imparable destiné à propulsé le groupe en heavy rotation sur les ondes FM, ne souffre d'aucune fausse note. Même pas quand Clara, s'essaie à la langue de Voltaire sur "Baby doll" ou "L'aurore". Shakespeare n'aurait-il plus le monopole des musiques électrifiées ?

On ne répondra pas ici formellement à la question mais force est d'admettre que sur ce Psychotic tales et avec les Candy Flesh à la manoeuvre (pas Philippe hein), ça passe. Et ça passe même plutôt très bien ("Mistake"). De fait, si l'ambition du groupe n'est certainement pas ici de révolutionner l'histoire des musiques amplifiées mais "seulement" de faire l'album dont ses membres avaient envie au plus profond de leurs tripes, c'est plus que réussi. Un disque de rock sensuel et sexy, électrique et endiablé, qui se déguste encore et encore avec un plaisir évident.