Forte de ses deux excellents albums, La Canaille a fait étape hier à Saint-Claude, sous-préfecture haut-jurassienne, ville ouvrière et capitale de la pipe, pour une date forcément unique en son genre puisque c'est ici qu'a grandit Marc, le chanteur, avant que les prérogatives musicales ne l'appellent il y a quelques années dans la banlieue parisienne. Retour sur une soirée forte en émotions où l'enfant du pays qui y a connu une trajectoire ouvrière, et son groupe ont été chaleureusement accueillis pour un premier concert "à domicile".
Autrefois lieu de vie alternatif, désormais lieu culturel à tendance subversive,
A l'instar du dub-rock des Guns Of Brixton, La Canaille et son rap-rock, dont l'appellation pourrait apparaître comme désinvolte, attribuée à la va-vite, prend tout son sens puisque la fusion opère instantanément. Groupe rock à l'énergie à peine contenue, écriture hip-hop qui fait mouche, on songe immanquablement à la tribu Casey/B.James/Hamé/Zone Libre en encore plus groovy et on jubile lorsque La Canaille fait exploser les conventions en s'aventurant sur des terrains noisy, guitare/basse/batterie bouillonnantes. Le combo présente amplement son deuxième album mais n'oublie pourtant pas le premier avec une version retravaillée de "Ni dieu ni maître" et "La Marseillaise", livrée ici pleine de grâce. Et c'est lors du rappel que La Canaille fait allusion à la grosse boîte de la ville (fabrique sous-traitante pour l'automobile traversant une crise depuis des années dont les enjeux qu'elle porte est représentative des défis économiques, sociaux et écologiques mondiaux du moment) en envoyant "L'usine", ne pouvant pas ne pas être interprétée ici ce soir. Son tempo, industriel s'il en est, et son refrain "couper, séparer, jeter, toute sa vie" finissent de mettre le groupe à l'unisson avec le public. Les yeux rougis de Marc à l'issue du morceau sont là pour prouver que c'est du vécu et que les retrouvailles, "attendues depuis 4 ans", sont réussies. A l'issue de l'ultime morceau ("J'ai faim") parti sur un dub des plus enthousiasmant, force est de constater que La Canaille a converti plus d'un spectateur à sa cause.
- La Fraternelle (244 hits)
A la croisée des chemins de l'esprit de Monsieur Z, La Phaze ou de Freedom For King Kong et de la galaxie du "nouveau hip-hop indépendant" regroupant aussi bien Calavera, Mina, Nergal et le Collectif Mary Read que Skalpel et La K-Bine, Trauma, Kyma, L'Alerte Rouge, K-Ya ou Piloophaz et Les Sans Nom ou encore Nouvel R, Redbong et Cellule X, La Canaille n'a rien à envier aux pointures du rock tout comme du hip-hop, ce concert étant là pour le prouver.