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Formé en septembre 2003 du côté de Jarnac, les Café Flesh ont au départ des objectifs plutôt simples : soit "dans le but de séduire les filles, passer à la télé, et devenir le meilleur combo du monde". L'histoire de nous a pas encore dit si ce sera un jour le cas, mais dans l'immédiat, les petits frenchies ont réussi le tour de force pas si commun de sortir un premier album, répondant au doux nom de Pig on the dancefloor, sorti chez le label local Furne Records et parrainé par rien moins qu'AmRep Records, soit Amphetamine Reptile, soit un label juste un tout petit peu culte après avoir sorti des disques de Chokebore, Helmet, Unsane ou des inénarrables Melvins. Plutôt la classe pour un premier disque non ? Toujours est-il qu'après avoir été repéré par un label de référence à l'échelle international, Café Flesh veut être prophète en son pays et enregistre donc son deuxième opus du côté de Montpellier et le sort sur l'un des rares (mais néanmoins excellents) labels du coin : Head Records (Goodbye Diana, Pneu, Superbeatnik, The Gay Corporation, Zarboth...). Son titre : I dumped my wife, i killed my dog. [  [fr] furne-records.com: site du label (205 hits)  External  ]

Café Flesh / Chronique LP > Lions will no longer be kings

Café Flesh - Lions ill no longer be kings "Oh non, c'est pas vrai, ils ont remis ça ! Alors qu'on se croyait débarrassé d'eux à tout jamais, les CAFE FLESH reviennent avec un troisième album encore plus cradingue - parfaite combinaison de "crade" et de "dingue", deux adjectifs qui leurs siéent bien - et répondant au doux nom de Lions Will No Longer Be Kings" : ça c'est ce que l'on peut lire sur le site du fameux label frenchy Head Records habitué des... sorties du genre.

Une accroche pour provoquer et donner l'envie de se jeter sur ledit disque ? Oui mais non, parce qu'en fait, ce nouvel effort des natifs de Jarnac, c'est tout à fait ça : soit un mélange, quelques dix titres durant, d'un rock tendu comme un string en peau de bête et de fougue que l'on qualifierait presque de "punk" mais alors sérieusement déglinguée. Une griffe inimitable, celle de toute une scène rock DIY (ou pas tant que ça) frenchy qui respire la noise décomplexée, le blues un peu cramoisi et un esprit de liberté qui confère aux morceaux, ci présentement couchés sur disque, un côté "free" rock bien moulu mais assez enthousiasmant au demeurant ("Crackpot", "God bless the devil"). Et un peu hardcore criard aussi par moments.

Parce que dans un courant musical éprit de cette exaltation libératrice façon Jesus Lizard, les Café Flesh mélangent les influences, donnent une tonalité presque jazzy à l'ensemble et se laissent régulièrement emporter par un groove qui contaminera assurément plus d'une assistance en live. Là, déjà, au moment de passer au crash-test rédactionnel, ça fonctionne et plutôt deux fois qu'une, la preuve avec le si bien nommé "Girl's freak". Quelques petites touches stoner-rock ("Parasite") voire même des tentatives faisant fusionner harangue hip-hop/hardcore et rock échevelé mais frondeur ("The creak of your bones"), le groupe s'amuse et assume parfaitement l'esprit "cradingue" évoqué en préambule de cette chronique, quitte à laisser les amoureux de rock plus conventionnel sur le rebord de la route.

Et si ce Café Flesh a l'arôme régulièrement 90's reste autant en bouche, c'est aussi parce qu'il ne sait pas faire deux fois de suite le même titre et qu'il parvient à varier les plaisirs soniques, que ce soit avec le fantaisiste "Riding the cows" ou le plus écorché "Zombie", quitte à paumer pas mal de monde en route avec le bizarroïde et joyeusement bordélique "Zoo went crazy". Un titre qui part clairement dans tous les sens, un préposé au micro qui s'emballe en partant dans des délires vocaux encouragés par la troupe de zikos qui ne se privent pas d'en remettre régulièrement deux ou trois couches, c'est parfois un peu bordélique, mais c'est aussi l'idée... histoire de préparer le terrain à un final complètement débridé ("Surf guru") qui démontre, un énième fois que ce groupe a une ou deux cases en moins. Ou plus, eu égard à la qualité évidente de sa musique.

Café Flesh / Chronique LP > I dumped my wife, I killed my dog

Café Flesh - I dumped my wife, I killed my dog Je sais ce que vous vous dites : "album sorti en janvier, chroniqué fin août... ça va tranquille sous le soleil de la tannière du fenec, ils ne se pressent pas trop"... Certes, ce n'est pas faux, mais c'est comme ça et puis c'est tout. D'autant que plus c'est long, plus c'est bon. Voilà, ça c'est fait. I dumped my wife, i killed my dog, c'est quoi ce disque de furieux ? Bah tout simplement une petite douzaine de compos qui sentent le souffre et qu'une bande de zikos un peu éméchés et originaires de Jarnac (c'est où ça Jarnac ? rires...) se chargent d'exécuter un peu comme ça vient, le temps d'un disque complètement allumé et foutrement chargé en électricité.
Et d'ailleurs, ça vient plutôt bien, que ce soit sur "Track race" ou "Hippie sucker", condensé hautement addictif de noise-rock sulfurique et de blues heavy rock'n' roll urgent envoyé à une vitesse folle, comme si les Café Flesh devaient balancer tout ce qu'ils ont dans le futal avant la fin du monde. "My dog", "My boss", le bien nommé "Car crash", les Charentais mettent le paquet... tellement qu'on se demande ce qu'il y a dans l'eau du côté de Jarnac, parce qu'après Gâtechien, Headcases et Jettators, voici un autre groupe qui débarque sur la scène rock hexagonale avec de sérieuses séquelles. Suffisamment pour faire de gros dégâts en tous cas. Des titres énergiques, un peu barrés (ok bien barrés même...), du gros son bien frontal et brut de décoffrage qui nous arrivent un peu à l'emporte-pièce et pourtant, ça fait mouche à chaque fois. Soli bien sentis, saxo déjanté, section rythmique épileptique, une voix profonde et éraillée qui fait des merveilles, l'ensemble est joyeusement bordélique, un poil chaotique même, mais c'est aussi ça qui fait l'efficacité du groupe.
Un petit côté retro jazzy qui vient croiser le fer avec l'autre côté, plus gueulard, du groupe ("My boss", "Nothing in the world can replace you"), une urgence de tous les instants et surtout un disque exécuté avec des tripes, certes, le tout est parfois un peu répétitif le temps d'un album complet, mais les groupes complètement décomplexés comme Café Flesh sont tellement rares qu'au final, I dumped my wife, i killed my dog fait surtout brutalement du bien par où il passe ("Lullaby", "Lips"...). Alors ça braille bien comme il faut, ça envoie les guitares comme personne ("Bottle breaker") et ça sonne comme un croisement bruyant de Fugazi et Jesus Lizard arbitré par Shellac... mais à Jarnac. Oui, tout le monde ne peut pas être né à Seattle... Quoiqu'il en soit, le résultat est là et il est sans appel. Salvateur et imparable.