Café Flesh - Lions ill no longer be kings "Oh non, c'est pas vrai, ils ont remis ça ! Alors qu'on se croyait débarrassé d'eux à tout jamais, les CAFE FLESH reviennent avec un troisième album encore plus cradingue - parfaite combinaison de "crade" et de "dingue", deux adjectifs qui leurs siéent bien - et répondant au doux nom de Lions Will No Longer Be Kings" : ça c'est ce que l'on peut lire sur le site du fameux label frenchy Head Records habitué des... sorties du genre.

Une accroche pour provoquer et donner l'envie de se jeter sur ledit disque ? Oui mais non, parce qu'en fait, ce nouvel effort des natifs de Jarnac, c'est tout à fait ça : soit un mélange, quelques dix titres durant, d'un rock tendu comme un string en peau de bête et de fougue que l'on qualifierait presque de "punk" mais alors sérieusement déglinguée. Une griffe inimitable, celle de toute une scène rock DIY (ou pas tant que ça) frenchy qui respire la noise décomplexée, le blues un peu cramoisi et un esprit de liberté qui confère aux morceaux, ci présentement couchés sur disque, un côté "free" rock bien moulu mais assez enthousiasmant au demeurant ("Crackpot", "God bless the devil"). Et un peu hardcore criard aussi par moments.

Parce que dans un courant musical éprit de cette exaltation libératrice façon Jesus Lizard, les Café Flesh mélangent les influences, donnent une tonalité presque jazzy à l'ensemble et se laissent régulièrement emporter par un groove qui contaminera assurément plus d'une assistance en live. Là, déjà, au moment de passer au crash-test rédactionnel, ça fonctionne et plutôt deux fois qu'une, la preuve avec le si bien nommé "Girl's freak". Quelques petites touches stoner-rock ("Parasite") voire même des tentatives faisant fusionner harangue hip-hop/hardcore et rock échevelé mais frondeur ("The creak of your bones"), le groupe s'amuse et assume parfaitement l'esprit "cradingue" évoqué en préambule de cette chronique, quitte à laisser les amoureux de rock plus conventionnel sur le rebord de la route.

Et si ce Café Flesh a l'arôme régulièrement 90's reste autant en bouche, c'est aussi parce qu'il ne sait pas faire deux fois de suite le même titre et qu'il parvient à varier les plaisirs soniques, que ce soit avec le fantaisiste "Riding the cows" ou le plus écorché "Zombie", quitte à paumer pas mal de monde en route avec le bizarroïde et joyeusement bordélique "Zoo went crazy". Un titre qui part clairement dans tous les sens, un préposé au micro qui s'emballe en partant dans des délires vocaux encouragés par la troupe de zikos qui ne se privent pas d'en remettre régulièrement deux ou trois couches, c'est parfois un peu bordélique, mais c'est aussi l'idée... histoire de préparer le terrain à un final complètement débridé ("Surf guru") qui démontre, un énième fois que ce groupe a une ou deux cases en moins. Ou plus, eu égard à la qualité évidente de sa musique.