Café Flesh - I dumped my wife, I killed my dog Je sais ce que vous vous dites : "album sorti en janvier, chroniqué fin août... ça va tranquille sous le soleil de la tannière du fenec, ils ne se pressent pas trop"... Certes, ce n'est pas faux, mais c'est comme ça et puis c'est tout. D'autant que plus c'est long, plus c'est bon. Voilà, ça c'est fait. I dumped my wife, I killed my dog, c'est quoi ce disque de furieux ? Bah tout simplement une petite douzaine de compos qui sentent le souffre et qu'une bande de zikos un peu éméchés et originaires de Jarnac (c'est où ça Jarnac ? rires...) se chargent d'exécuter un peu comme ça vient, le temps d'un disque complètement allumé et foutrement chargé en électricité.
Et d'ailleurs, ça vient plutôt bien, que ce soit sur "Track race" ou "Hippie sucker", condensé hautement addictif de noise-rock sulfurique et de blues heavy rock'n' roll urgent envoyé à une vitesse folle, comme si les Café Flesh devaient balancer tout ce qu'ils ont dans le futal avant la fin du monde. "My dog", "My boss", le bien nommé "Car crash", les Charentais mettent le paquet... tellement qu'on se demande ce qu'il y a dans l'eau du côté de Jarnac, parce qu'après Gâtechien, Headcases et Jettators, voici un autre groupe qui débarque sur la scène rock hexagonale avec de sérieuses séquelles. Suffisamment pour faire de gros dégâts en tous cas. Des titres énergiques, un peu barrés (ok bien barrés même...), du gros son bien frontal et brut de décoffrage qui nous arrivent un peu à l'emporte-pièce et pourtant, ça fait mouche à chaque fois. Soli bien sentis, saxo déjanté, section rythmique épileptique, une voix profonde et éraillée qui fait des merveilles, l'ensemble est joyeusement bordélique, un poil chaotique même, mais c'est aussi ça qui fait l'efficacité du groupe.
Un petit côté retro jazzy qui vient croiser le fer avec l'autre côté, plus gueulard, du groupe ("My boss", "Nothing in the world can replace you"), une urgence de tous les instants et surtout un disque exécuté avec des tripes, certes, le tout est parfois un peu répétitif le temps d'un album complet, mais les groupes complètement décomplexés comme Café Flesh sont tellement rares qu'au final, I dumped my wife, I killed my dog fait surtout brutalement du bien par où il passe ("Lullaby", "Lips"...). Alors ça braille bien comme il faut, ça envoie les guitares comme personne ("Bottle breaker") et ça sonne comme un croisement bruyant de Fugazi et Jesus Lizard arbitré par Shellac... mais à Jarnac. Oui, tout le monde ne peut pas être né à Seattle... Quoiqu'il en soit, le résultat est là et il est sans appel. Salvateur et imparable.