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Interview : Ça, InterviOU : Ça (Mai 2018)

Ça / Chronique LP > Mon tout petit ça à moi s'est dévoilé au grand jour quand j'ai su le voir sans lunettes

Ça - MTPÇAMSDAGJQJSLV Un emballage digisleeve cartonné en deux volets dans lequel quelques éléments visuels viennent prendre place de manière aléatoire à l'intérieur, dont un "La police du bon goût" (coucou Gui de Champi !), leur collectif Vox Project qui compte notamment dans ses rangs les formations Milkilo, The Canyon Observer, Plevre, Parween et Seine, le logo de leur label défricheur de groupes incongrus Atypeek Music, et une couverture comprenant des "Ça" encadrés à ses quatre coins : voilà un peu comment les Stéphanois de Ça présentent leur dernier disque. Pas même un titre. Ah si, attendez... je recherche sur Internet... c'est bon ! : Mon tout petit ça à moi s'est dévoilé au grand jour quand j'ai su le voir sans lunettes ou plus simple (?!?) : MTPÇAMSDAGJQJSLV. Ah ah, on dirait du Pryapisme, je me disais bien que tout n'était pas épuré dans ce truc mystérieux ! Les (mal)chanceux qui connaissaient le trio, que ce soit sur scène ou sur album (voir par ailleurs notre chronique de 24615), n'y verront là aucune surprise, leur musique est aussi un énorme foutoir math-rock free-jazz. Un contraste saisissant, on n'est plus à une surprise près.

Ben oui, on ne change pas une formule qui gagne, Ça c'est toujours ce joyeux bordel sonore, on est véritablement chez mémé, comme des gamins qui ont une technique instrumentale confirmée et qui font mumuse avec les extrêmes. Prenons comme bon exemple cette chanson de 10 minutes intitulée "S'est dévoilé", le trio mène le bal à coup de répétitions vocales de mots (soit le titre de la chanson), de petits jeux de ralentissements pour mieux accélérer par la suite avec des belles saccades en sus, pour finir avec une petite ballade jazzy qui frôle le silence et qui se termine par une ambiance totalement neurasthénique. On n'est pas loin de penser que n'importe quel bout de titre pourrait s'imbriquer facilement dans l'un ou dans l'autre tant les parties s'effacent pour laisser d'autres s'exprimer. Voilà de la belle musique pour patients d'hôpitaux psychiatriques, et le pire c'est que c'est comme ça tout le long, soit 53 minutes... Un gros délire anxiogène qui, selon moi, se délecte bien mieux en live que sur album, vous savez donc ce qu'il vous reste à faire si Ça passe près de chez vous !

Ça / Chronique EP > 24615

Ça - 24615 Quand je dis qu'en France, on a une super scène dite "math-rock" (comprendre rock complexe et technique), j'arrive à percevoir dans le regard de mes interlocuteurs comme un doute s'installer. Alors, soit personne ne bouge son cul au concert en mode découverte (qui ne coûte jamais grand chose), soit les gens ne lisent pas les bons papiers ou webzines, soit ils sont réfractaires à la nouveauté et considèrent que les anglos ont déjà tout réalisé en la matière. Là, je vous ai dégoté un petit groupe de Saint-Etienne qui s'appelle Ça (pas de blagues, merci) et qui fait parti d'un obscure collectif se nommant Vox Project. Pourtant dans ce trio, la voix n'est que peu présente, ou alors juste pour des onomatopées que je ne décrirai pas ici. Sa musique sent bon l'odeur des jam-sessions interminables, un bordel organisé dans lequel ressort un son cru provenant des scènes free-rock et jazz-funk. C'est technique, le tout s'emboîtent bien, les guitares passent leur temps à crier ou à pleurer, font du yo-yo émotionnel avec une section rythmique très solide et syncopée derrière. Un peu comme si Ni rencontrait 31Knots. D'autres combinaisons sont possibles, mais ne compter pas sur moi pour vous mâcher le travail. Commencer par vous jeter sur ce disque... et sur le dernier EP plus récent (oui, le W-Fenec est toujours à la page...).