Bush - Black and white rainbows Milieu des années 90, Bush s'impose comme un des groupes "post-grunge" les plus efficaces, chanteur charismatique, voix identifiable, riffs tranchés, son de guitares qui parlent à tout une génération, Bush est critiqué mais aussi adoré. Après quatre albums et dix ans d'activités, le groupe se sépare en 2002. Son leader travaille un peu en solo puis revient avec d'autres musiciens en 2011 (The Sea of Memories), suit Man on the run en 2014 et ce Black and white rainbows au printemps 2017. Les temps ne sont plus vraiment au grunge, Gavin a vieilli, il est devenu coach pour la version anglaise de The Voice (avec Tom Jones !), son audience a changé, son public aussi, cet album est le reflet de ces évolutions...

De nouveau produits par le mastodonte du lourd mais radiophonique Bob Rock (Aerosmith, Bon Jovi, Metallica (il a même écrit la basse du lamentable St. Anger, The Offspring mais aussi Michael Bublé) puis masterisés par Stephen Marcussen (Les Claypool, The Decemberists, Leonard Cohen...), ces arcs-en ciel en noir et blanc sont servis dans une jolie pochette mais ne savent pas vraiment s'il faut suivre le cœur ou la raison... La raison, c'est pour le côté business du Gavin Rossdale public, monsieur belle voix qui tisse de doux coussins pour la déposer et la mettre en valeur, ça dégouline d'arrangements, les guitares sont éteintes, les rythmes sont transparents, on se farcit des démonstrations comme "Mad love" ou "Lost in you" (co-écrit par Dave Stewart d'Eurythmics), les deux premiers singles imbuvables, le troisième ("The beat of your heart") est un peu moins mauvais mais à l'instar de "Ray of light", ce n'est pas franchement rock'n'roll. Le cœur, c'est pour la musique qu'il doit vraiment aimer, celle qui accroche, celle qui touche, celle qui vient des tripes. Et ce n'est pas forcément dans la distorsion et les césures qu'on peut la trouver, les deux titres, assez proches, que sont "The edge of love" et "People at war", bien que ultra calmes sonnent moins creux que ceux cités au-dessus. Personnellement, je préfère bien sûr quand on entend les grattes et que les petites idées bien exploitées accaparent l'attention ("Peace-s", "Toma mi corazon", "All the worlds within you"). Les autres morceaux nagent entre deux eaux, rendant l'album plus homogène mais ne le tirant pas forcément vers le haut.

Si tu veux critiquer Bush, écoute Sixteen stone ou Razorblade suitcase parce que critiquer le groupe en se basant uniquement sur cette dernière production, c'est un peu facile et réducteur. Ceci dit, quand on a apprécié leur musique il y a 20 ans, c'est difficile de s'y retrouver aujourd'hui.