Bon les gars, ouvrez grand vos yeux et débouchez-vous d'urgence les oreilles : Les Burning Heads ont trente ans. Trente putains d'années. Trois décennies. Six quinquennats. Et les types sont toujours là. Ça en impose, vous ne trouvez pas ? En ce qui me concerne, je ne répéterai jamais assez ce que ce groupe représente pour moi : la Classe. Oui, avec un grand C. Sur major ou en autoprod, en mode punk hardcore ou en incursion reggae, le quatuor d'Orléans n'a jamais changé de cap. Pour tout vous dire, mes deux disques préférés sont incontestablement Be one with the flames et Escape, deux de la fin des 90's période Epitaph. Et en ce moment je suis pourri gâté car le groupe est actuellement en tournée avec une set list composée de titres de ces deux chefs d'œuvre. De plus, un label français est sur le coup pour sortir les deux skeuds en version LP et cerise sur le gâteau, un live sorti de quasi nulle part vient de paraître : KXLU live 1999.
Resituons nous dans l'espace temps. Les Burning, en 1999, ont le feu au cul et moins d'un an après Be one, les gars traversent l'Atlantique pour rejoindre Jack Endino et mettre en boîte le sulfureux Escape pour leur seconde livraison Epitath Europe. Mais avant d'entrer en stud', le groupe donne trois gigs en deux jours dont une session de 45 minutes pied au plancher, en direct sur la radio KXLU. Les techniciens de la station plantent quelques micros devant les amplis pour enregistrer le tout, et voilà qu'en 2017, alors que les bandes étaient bien au chaud je ne sais où, Franck Frejnick et Nineteen Something (spécialiste des rééditions des Thugs, des Rats,.) gravent sur compact disc ce live explosif !
Imaginez le tableau : les quatre zicos en pleine bourre viennent mettre une raclée en bonne et due forme à Los Angeles. Session promo oblige, le groupe exécute les brûlots de Be one et termine son set en jouant pour la première fois « live » certains futurs tubes de Escape. Les morceaux s'enchaînent sans temps mort, les mélodies vocales rivalisent avec les grandes lignes de basse de JBé, les roulements de Tomoï et les guitares chaudes de Pier et Phil. Rien ne peut leur arriver, et le temps d'un passage radio longue durée, Burning Heads est le meilleur groupe du monde. Ni plus, ni moins. Certains passages se révèlent un peu « borderline » (la fin de l'intro de « Wrong », le début foiré de « End up like you ») mais l'énergie déployée est tellement sincère que ces « broutilles » ne remettent pas en cause le talent d'exécution d'un groupe pas forcement habitué à ces sessions sur le fil. Quoi, je ne suis pas objectif ? Et alors ?
On sait ce qui se passera par la suite. Non renouvelé par Epitah Europe après Escape, le groupe ouvrira deux parenthèses reggae/dub, signera chez Yelen/Sony et montera sa propre structure pour être encore bien actif aujourd'hui. Alors ce disque live (le seul de sa riche discographie), qui pourrait sembler insignifiant et sans intérêt en 2017, est au contraire une trace intéressante pour toute une génération de fans et pour les amateurs de punk rock en général. Car le parcours des Burning, parfois semé d'embûches et de (quelques) désillusions, est surtout celui d'un groupe majeur d'une scène punk rock qui n'a jamais cessé d'exister et de (sur)vivre, tout simplement.
Publié dans le Mag #28