Burning Heads - Choose your trap Le W-Fenec est un clan de passionnés, un média du web, un truc qui ne sert à rien, une mine d'or pour ceux qui aiment découvrir plein de bonnes choses, un repaire de musiciens frustrés, une communauté d'amoureux de rock, une société secrète que le comité du bon goût n'a pas réussi à démanteler. Le W-Fenec, c'est tout ça, mais c'est surtout un fanzine. Et qui dit fanzine dit fan. On ne s'en est jamais caché, et moi le premier, on peut en faire des tonnes en chroniquant un disque, car en plus de nos grandes oreilles, c'est avec le cœur qu'on écoute la musique. Qu'on se le dise (et qu'on le lise). Et pour évoquer le cas de Choose your trap, nouvelle frappe chirurgicale des Burning Heads, c'est véritablement une histoire de cœur que je vais te raconter.

Le nouvel album des Burning Heads (enregistré à Orléans par Guillaume « Dudu » Duneau qui officie également en tant qu'ingé son live du groupe depuis un bon moment), n'est pas encore sorti dans son format cd que je le connais déjà par cœur. Je l'ai écouté un bon paquet de fois, et même si je suis assez éclectique dans mes goûts musicaux, ce groupe reste dans mon top dix tous styles confondus. Alors bien sûr, je me faisais une joie de coucher numériquement mes impressions sur Choose your trap qui comprend un disque punk rock et un disque « Opposite », baptisé ainsi par le groupe lui-même pour décrire son mélange reggae/dub/rock. 25 titres au total, 25 façons de vibrer au son du quatuor qui a changé ma vision du rock indépendant dans notre bel hexagone. Mais voilà, c'est souvent compliqué d'exprimer avec justesse et exactitude ce que je ressens quand les émotions se mélangent à l'excitation du moment. J'aime les Burning Heads, c'est indéniable, tout mon entourage le sait, et toi aussi, tu as pu le deviner. Encore une fois, je ne m'en cache pas. Ce n'est que de la musique jouée par quatre passionnés qui, au fil des années (plus d'un quart de siècle), ont su partager leur amour du punk rock et de la musique syncopée aux quatre coins de l'Europe et même ailleurs.

À chaque écoute de Choose your trap, les mots défilaient dans ma tête pour exprimer mes sensations une fois que se succédait chaque chanson de cet album réussi. Et puis, au moment de rédiger ce papier, le trou noir. Plus rien ne s'enchaînait correctement. Alors voilà, plutôt que de décortiquer de manière singulière et maladroite ce disque, je vais laisser une nouvelle fois mon cœur prendre le contrôle.
Le disque punk rock ne fait que renforcer l'amour que j'éprouve pour ce groupe. Même si j'ai écouté le groupe sur le tard (à partir de Be one with the flames, grâce à un titre sur une compil' de formations françaises éditée en Allemagne !), j'ai plus qu'usé les différentes prod des Orléanais, et Choose your trap n'échappera pas à la règle. Comment rester insensible à la potion magique des Burning, faite de titres pêchus et ultra mélodiques (haaaa, ce « A true life » qui ouvre le disque est juste parfait, « Too many kisses », « Choose my trap »), d'uppercuts à la limite de la déflagration (« Lie to me »« What did you expect ? » qui aurait pu avoir sa place sur l'énorme Be one with the flammes, "Stick our heads up high!" avec Tony des Adolescents) et de morceaux punk hardcore à la. Burning (« Song about nothing », « Voice of the voiceless ») ? La voix de Pierre me file toujours la banane, le basse-batterie est indestructible et les guitares sans artifices enchaînent les riffs parfaits. Comme dans chaque album, un OVNI est venu se glisser dans la tracklist, et pour ce coup-ci, ça sera le crossover « Pop a pill », un des rares titres de cette galette dépassant les 3 minutes, au delay maîtrisé, aux ambiances multiples et au refrain qui fait mouche. J'adore. Je suis conquis. Comme d'habitude. Mais alors que la deuxième galette pointe le bout de son nez, le plat de résistance est annoncé, et je vais me gaver !

La partie « Opposite », composée de dix titres, m'a complètement chamboulé. J'ai pourtant l'habitude du « reggatta de blancs » des Burning, que ce soit sur disque ou sur scène. Mais les sensations procurées par des morceaux comme « All about love », « Spirit of '68 », « Party », mélange astucieux de reggae et de rock, sont puissantes. L'esprit des Clash hante ces morceaux aux lignes de chant savoureuses. Mais ce disque sort également des sentiers battus qu'un groupe de rock s'autorise à emprunter. L'instrumental « Midnight dub » en est le parfait exemple : passé la surprise des sonorités dub et de la montée en puissance, on ne peut que féliciter une telle ouverture d'esprit (qui n'est pas nouvelle chez les Burning) pour délivrer un morceau riche en couleurs et en sensations. BH maîtrise avec excellence cet exercice en évitant soigneusement les clichés propres au style et en bricolant toutes sortes de sons tout aussi jouissifs les uns que les autres. « Mad brains », dans la même veine, enfonce le clou. Et que dire du petit bijou qu'est « Back to square one » où la voix de Pierre s'impose plus qu'elle ne se pose sur les rythmes à contre temps et les guitares saturées. Ce disque est une ode à l'évasion et aux expérimentations réussies, une autre facette fascinante et passionnante du groupe. Un disque brut, sans concession, une véritable réussite.

Si tu es arrivé au bout de cette chronique, c'est que soit tu es, comme moi, fan du groupe, soit tu es curieux. Dans les deux cas, c'est déjà pas mal. Tu n'auras donc aucun mal à terminer ce paragraphe qui t'invite vivement à te procurer ce double album qui est le mix parfait de ce que les Burning savent faire depuis plus de 25 piges : des tubes, des tubes et des tubes. Les gars sont sur la route toute l'année et vont entamer une tournée avec The Rebel Assholes et Not Scientists : encore une excellente raison pour sortir de chez toi et passer un très bon moment avec ce haut représentant du punk rock européen. Car j'ai beau chercher, je n'en vois pas beaucoup qui leur arrivent à la cheville. Respect.