Burning Heads est pour moi synonyme de respect. Respect pour ce groupe officiant depuis (plus) de 25 ans, contre vents et marées et sans jamais renier ses amours pour le punk rock américain et le reggae rock influencé par The Police et The Clash. Respect également pour une formation qui n'a jamais rien lâché et qui a influencé toute une génération de rock indé en France. Alors que le groupe vient de sortir un double album et s'apprête à entamer une tournée avec Not Scientists et The Rebel Assholes, Jyb (basse) nous a accordé un entretien passionnant duquel il ressort qu'après toutes ses années sur la route et en studio, la passion et l'amour de la musique sont toujours au rendez-vous. Respect.
Avant de développer l'actualité du groupe et de parler du nouvel album, pourrais-tu, en quelques mots, décrire ce que sont pour toi les Burning Heads.
Burning Heads est un groupe de punk rock qui joue depuis plus de 25 ans et qui mélange le punk et le reggae, ou plutôt du « raggata blanc » comme l'appelait
Le nouvel album a pour thématique le chiffre 25 et on prend conscience du parcours hors norme du groupe avec 25 disques sortis (LP, EP, compil'), 250 morceaux enregistrés, 2 500 concerts. Pour un groupe qui n'a jamais fait de pause dans sa carrière, n'éprouvez-vous pas une certaine lassitude au bout de tout ce temps, ou est-ce que vous êtes toujours motivés comme au premier jour ?
Alors, déjà, pour remettre les choses à leur place, les 25 albums, les 250 morceaux, c'était juste pour que ça rime avec 25 ! Il n'y a jamais eu de calcul d'effectué pour comptabiliser tout ça. Pour tout ce qui a été enregistré, on peut calculer, c'est fait et on peut retrouver, mais on a jamais calculé ni pris de notes sur le nombre de concerts que nous avons fait pendant la vie du groupe. De même, on ne sait également pas exactement le nombre de morceaux qui ont été enregistrés, on ne peut pas trop savoir combien on en a fait exactement. Voilà, ces chiffres sont déclinés autour de 25 mais c'est plus pour le fun qu'autre chose. Ça doit certainement s'en rapprocher, c'est très crédible mais ce n'est pas la vérité ! Maintenant, non, de toute façon, il y a toujours cette énergie pour jouer, toujours cette envie de faire des concerts, toujours cette envie de faire des morceaux : c'est clair que ça ne nous lasse pas. On n'a peut être pas la même motivation qu'au début car il n'y a plus l'excitation de la toute nouveauté, bien qu'elle se retrouve quand même dans le fait que quand on crée de nouveaux morceaux, c'est quand même quelque chose qui sort de l'inconnu, qui naît, il y a quand même une nouveauté. Même si ce n'est pas la nouveauté du débutant, c'est...
Stimulant ?
Oui, tout à fait. De toute façon, c'est ce qui nous tient aussi de faire des nouveaux morceaux pour continuer à avancer et continuer à proposer de nouvelles choses sur les concerts même si on garde quand même d'anciens morceaux dans nos sets, ça motive d'avoir de nouvelles choses à proposer.
Quelle signification donnerais-tu à Choose your trap ? Pour ceux qui ne maîtrisent pas à la perfection la langue de Shakespeare, de quoi parle Choose your trap ?
Waouh les textes ! Ils sont généralement écrits par Pierre, certains par Thomas, et sont des tranches de vie ou des coups de gueule sur l'actualité. Ils traitent aussi de ressentis ou des rapports humains. « Choose my trap » fait partie de ceux-là, mais il n'a pas été écrit par nous. Il traite, je pense, du fait que ta façon de faire influe sur la vie que tu as. Que les décisions que tu prends influencent forcément le cours de ta vie et qu'en étant conscient de cela tu peux t'attendre un peu au sort qu'elle te réserve, en modifier les conséquences... ou pas . "I choose my trap" c'est je choisis mon piège. Je choisis de m'enfermer et de subir ma vie ou de m'ouvrir et de trouver une direction, un sens. On a choisi d'appeler l'album Choose your trap (choisis ton piège), car on trouvait que ce titre pouvait coller avec le dessin : le squelette d'un homme, mort de faim, après avoir épuisé en les vendant toutes les ressources de la Terre et n'ayant plus rien d'autre a manger que l'argent qu'il avait pu amasser. Ce titre permettait aussi de faire un lien entre la pochette et l'album (Choose your trap / « Choose my trap »), car à l'origine ce dessin est l'œuvre d'un artiste Mexicain dénommé Mazalt (justseeds.org) qui illustre, pour ceux qui ne maîtrisent pas à la perfection la langue de Sancho Panza, le proverbe Indien : "Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière asséchée, le dernier poisson péché, l'homme va s'apercevoir que l'argent n'est pas comestible" (que l'on retrouve à l'intérieur du livret).
Burning Heads
Ce nouvel album comprend. 25 morceaux (tiens, tiens) répartis plus ou moins équitablement entre des morceaux punk rock et des morceaux reggae (et pas seulement)...
La répartition est quasi égale en fonction du temps en tout cas (30 minutes / 30 minutes pratiquement)
Tu m'arrêtes si je me trompe, mais même si j'aime beaucoup les morceaux punk qui portent bien votre marque de fabrique (que ce soit dans le punk plus léger ou les morceaux hardcore joués à cent à l'heure), j'ai été sublimé par les morceaux reggae qui sont complets et riches en couleurs. Pourquoi un double album et pas deux disques scindés à sortir à un an d'intervalle, par exemple ?
Car d'une part ils ont été enregistrés ensemble sur la même cession de studio. Car d'autre part ça fait très longtemps qu'on a cette envie de sortir un double album, même si à l'origine on ne pensait pas forcément sortir un disque « opposite » et un disque plutôt rock, et ça s'est fait comme ça : petit à petit, on a vu que l'évolution faisait qu'on pouvait avoir de la matière pour faire les deux, et ça nous a motivé pour continuer dans cette voie-là et ça nous a plu de pouvoir sortir un double album, dont un album « opposite ». On trouvait que c'était plutôt une bonne chose, et puis ça permet aussi à la personne qui va acheter l'album de se retrouver aussi avec un « opposite » dans les mains et ça montre les deux facettes du groupe dans un seul package. On a quand même voulu le différencier et le sortir en deux disques dans le même album, faire un disque punk et un disque « opposite » pour que ce soit vraiment séparé, mais c'est vraiment un choix de l'avoir sorti en double album, c'est clairement volontaire.
Ce disque sort chez Opposite Prod, votre label depuis une bonne dizaine d'années. Avec le temps, le fait de tout contrôler était-il nécessaire ou évident ?
Pour ce qui est d'Opposite, on a créé l'asso au moment de notre deal avec Yelen. Et quand Yelen s'est arrêté, on a pu voler de nos propres ailes et se servir de cette asso pour créer notre propre label. On est très contents de ça, même si, petit à petit, on s'est entourés de personnes pour nous aider à gérer tout ça car tout seuls, on part dans tous les sens, et j'ai l'impression qu'on a besoin de quelqu'un d'extérieur au groupe pour pouvoir récolter toutes les infos et mettre tout ça ensemble pour faire avancer la chose. Le label Opposite est maintenant géré par Boris qui s'occupe aussi de PPMM, qui centralise tout ça et qui gère pas mal le label.
Après avoir goûté aux labels plus ou moins indépendants, l'autoproduction n'a-t-elle pas ses limites ? Le fait d'être libre l'emporte-t-il sur le fait que le manque de moyens puisse vous restreindre en terme de producteur ?
On n'a pas trop d'exigence de producteur. Sur les dernières prods, on a réussi à le faire nous-mêmes, soit par l'intermédiaire de Pierre à la console, soit, et c'est le cas sur ce disque, en faisant en sorte que Pierre ne soit pas au four et au moulin et ainsi le libérer de l'enregistrement pour voir comment ça pouvait fonctionner « autrement ». C'est Dudu, notre ingé son en concert, qui s'est mis derrière la console et qui s'est occupé cette fois-ci de l'enregistrement, nous permettant ainsi d'être « juste » musiciens. Pour ça, le fait d'être sur notre propre label ne pose pas de problème. C'est clair que pour sortir les sous et pouvoir produire les albums, c'est assez difficile d'être tout seuls. On a quand même un distributeur (qui est toujours PIAS) qui nous demande un certain nombre de CD qu'on doit être en mesure de lui donner, et là, c'est un peu dur. Et c'est pour ça que l'album mettra autant de temps à sortir car il fallait qu'on récolte assez d'argent de notre côté pour pouvoir produire les CDs. À ce niveau-là, c'est un peu plus compliqué que d'être sur un gros label ou une maison de disque, c'est clair. Mais par contre, on est beaucoup plus libres en ce qui concerne les différents modes de distribution : on peut être distribué dans un plus grand nombre de pays. Après ça dépend quand même, car par exemple avec Epitath qui avait une grosse distribution européenne, c'était vraiment cool. Quand on est passés d'Epitath à Sony, nous n'avions plus qu'une distribution française, et les labels qui voulaient nous distribuer en Europe se retrouvaient à devoir discuter avec Sony et étaient incapables de fournir ce que Sony leur demandait car avec le style de musique qu'on fait, les labels qui nous suivent sont plutôt des labels « indépendants » et essayer de travailler avec Sony leur demandait beaucoup d'efforts financiers pour pouvoir être à la hauteur de ce que Sony demandait. Donc du coup, le fait d'être chez Sony nous a fermé pas mal de portes à l'étranger à cette période. Et maintenant, on essaye de regagner des distributions à l'étranger et ça se fait petit à petit. De petites distrib se mettent en place en Espagne, en Allemagne, en Italie, et tout ça se fait au fur et à mesure. Mais Internet ouvre pas mal de voies au niveau de la distribution.
Que penses-tu des opérations de crowdfunding qui se développent, tant pour les groupes confirmés que pour les groupes en expansion ?
On y a déjà pensé mais on n'a jamais concrétisé le truc. Il y a un gars qui nous a proposé ça pour éventuellement sortir les deux Opposite (I et II) en vinyle et procéder à un crowdfunding pour récupérer des thunes. Nous essayons toutefois de fonctionner d'abord par nous-mêmes. Après, on va voir ce que ça donne, on va tenter l'expérience pour ce projet, ça peut être cool, faut voir.
Lors des « reunion shows » de Second Rate au printemps dernier, Sam évoquait le fait qu'à la fin des années 90, il s'est rendu compte que ses modèles en France (dont Burning et Portobello Bones) « on a vu que ça bricolait, que ça tenait à rien toute cette scène, et dès le début on s'est dit qu'on pouvait bricoler aussi ».
Aujourd'hui, « n'importe qui » peut, depuis chez lui, sortir un disque et monter une tournée de quelques dates. Vous qui avez vécu l'époque où Internet n'était pas développé et où les portables n'existaient pas, es-tu nostalgique de cette période ?
Non, car Internet est aussi une opportunité pour nous d'avoir des contacts plus faciles dans différents endroits et de trouver des dates grâce à ça. Ça nous permet de vivre aussi et de continuer à bricoler, car ça reste du bricolage, même si c'est sur Internet. Par contre, c'est clair qu'on est un peu plus perdu dans la masse « Internet », c'est un peu plus difficile d'émerger. Il y a tellement de visibilité, tellement de choix, tellement de groupes différents sur le net que tout le monde est un peu perdu dans le flot.
Il n'y a pas longtemps, Jérémie des Flying Donuts évoquait dans notre zine une anecdote selon laquelle tu lui racontais que vous aviez réalisé un rêve en tournant avec The Adolescents (vous avez même partagé un disque, et le chanteur pousse la chansonnette sur un titre du nouvel album), et il t'a répondu que les Burning lui avaient fait le même effet. J'imagine que tu as conscience que ton groupe en a influencé plus d'un : quels sont tes « jeunes » groupes préférés en France ? Êtes-vous fiers d'être un exemple pour pas mal de groupes en devenir ? Pas trop de poids sur les épaules ?
Je me rends compte depuis pas si longtemps qu'effectivement, on peut être une influence pour certains groupes. Est-ce que je suis fier de ça ? Oui, de toute façon. Mais je ne me pose pas la question et cette reconnaissance vient aussi du fait que l'on est là depuis plus de 25 années maintenant.
Tu sais, on joue d'abord pour se faire plaisir, c'est très égoïste, mais partager sur scène avec un public des morceaux que tu as créé dans un local avec tes potes est une réelle satisfaction.
C'est cool si des groupes s'inspirent des Burning, mais on ne fait pas ça pour ça. Tant mieux si on donne du plaisir aux autres et si ça leur donne envie de jouer. L'histoire se répète un peu : j'ai commencé à faire de la musique, parce que j'ai vu des groupes qui me plaisaient, qui m'ont donné envie de faire la même chose, c'est peut être normal si ça continue à se passer comme ça.
Les 'jeunes' groupes que je préfère en France ? La plupart sont des groupes avec qui on partage la scène.... c'est aussi l'avantage d'être dans un groupe qui joue souvent : tu vois plein de concerts ! Mais je ne vais pas te parler de 'jeunes' groupes, juste de groupes que j'ai vus et appréciés : The Patrons, Verbal Razor,
Le disque est déjà sorti en vinyle et le support CD arrive incessamment sous peu, et c'est une tournée qui s'annonce pour défendre le skeud : mais finalement, vous êtes toute l'année sur la route : là encore, pas de lassitude ? Qu'est ce qui motive BH en 2015 ?
S'il y avait une lassitude pour aller jouer, on arrêterait le groupe, tout simplement, et on se l'est toujours dit. Tant qu'on est là pour aller faire des répètes et monter dans le camion pour aller faire des concerts, il n'y a pas de raison qu'on arrête. On prend du plaisir à ça. À partir du moment où il n'y a plus de plaisir, il faut arrêter, c'est clair. Mais on prend toujours du plaisir et c'est ce qui nous motive, rien de plus. Pas de lassitude, vraiment. On sort un nouvel album, on est content de ce qu'on a fait, Dudu a vraiment bien travaillé, il y a un bon mastering derrière. Je suis très content de cet album, et je suis content d'aller jouer les nouveaux morceaux un peu partout en France et un peu partout en Europe si on peut. Pas de souci là-dessus.
Tu dois me voir un peu négatif, mais en écoutant le dernier disque, j'ai eu un petit pincement au cœur. Je me rappelle d'un festival à Strasbourg où vous avez ouvert en milieu d'après-midi pour un groupe comme Superbus, et j'ai eu mal au cœur à ce moment-là. L'année dernière, j'ai assisté à votre concert au Hellfest où vous avez envoyé à 13H30. Merde, y a un problème. Quelle est votre philosophie par rapport à votre statut de groupe « culte » que tout le monde adore mais que les professionnels de la musique ignorent ou méprisent ?
Bah, on joue du punk rock (rires). Je pense que ça s'arrête là et qu'il ne faut pas aller chercher beaucoup plus loin. Ça n'a jamais été une musique qui passait beaucoup à la radio et à la télé, et ce n'est pas une musique qui va toucher 50 000 personnes non plus. Ça reste du punk.
Mais le fait que ça soit du punk ne veut pas dire que ça doit rester confidentiel. Au Hellfest par exemple, s'enchaînaient des groupes punk toute la journée, et les Burning, avec 25 ans dans les pattes, ça joue à 13h30 alors que ça pourrait jouer à 19h...
Ouais. Ouais... Après, c'est les programmateurs de festival, il y a tellement de groupes en même temps. Franchement, je m'attendais à pire en jouant à cette heure-là. En fait, c'était blindé et j'ai trouvé ça super de jouer à cette heure-là car du coup, on pouvait voir tout ce qui se passait devant nous. Quand tu joues la nuit, tu vois les premiers rangs mais tu ne vois pas tout le reste mais là, il y avait un super spectacle et c'était vraiment cool de jouer tôt. Bien sûr, ça aurait été super bien de jouer un peu plus tard aussi, mais je ne sais pas si il y aurait eu autant de monde plus tard... Ce n'est pas la plus mauvaise heure pour jouer un samedi au Hellfest, en tout cas.
Comme on le précisait tout à l'heure, BH n'a jamais « splitté » malgré les changements de personnel ou autre et a toujours eu une activité. Qu'est-ce que t'évoquent les reformations plus ou moins éphémères de groupes comme les Sheriff ou vos potes de Seven Hate ?
Je comprends qu'ils aient envie de jouer et de recommencer. J'espère que cette motivation, ils vont la garder et qu'ils vont pouvoir continuer à jouer autant qu'ils ont envie, car tous ces groupes, s'ils ont arrêté, c'est qu'il y avait une raison, et j'espère qu'ils vont pouvoir passer au-dessus de cette raison pour pouvoir continuer à jouer.
Finalement, ce sont vous les derniers de cette scène dite « indépendante » des années 90 encore en activité aujourd'hui ?
À peu près, bon il y en a d'autres, on a croisé les Sales Majestés il n'y a pas très longtemps, c'est pareil, ils n'ont jamais vraiment arrêté non plus. Tu sais, un groupe, c'est comme un couple, il y a des hauts et il y a des bas. On a toujours réussi à s'entraider dans les moments bas et puis peut-être à ne pas trop s'enflammer dans les moments hauts non plus, et c'est peut-être ça qui a fait notre longévité.
Quid de la culture en France ? Tout est cyclique en France, tous les cinq ans, un nouveau genre musical revient en force (musique celtique, néo métal, musique festive) et les SMAC se multiplient. Je crois savoir que vous n'êtes pas vraiment fan de ces structures. Qu'est-ce qu'il faut faire en France pour permettre à des groupes de rock de se développer « durablement » ?
C'est difficile. Il ya des lois qui sont passées et qui empêchent les bars de faire trop de bruit ou de pouvoir programmer des concerts à cause du voisinage. C'est dommage, car ce sont les bars qui pouvaient justement faire vivre cette culture rock. Ce sont plus les petits lieux comme les bars ou les petites salles qui ne sont pas forcément équipés où les assos vont pouvoir organiser des concerts. Malheureusement, bien souvent les SMAC ne sont pas accessibles pour ces assos ou ces groupes et je pense qu'il faudrait revenir un peu en arrière et que les bars puissent continuer à faire des concerts et à promouvoir la culture. C'est ça qui a fait beaucoup de mal au mouvement.
Le fait d'avoir un tourneur comme 3C vous ouvre un peu plus de portes, mais jouer dans les grandes salles, c'est compliqué ?
Oui. C'est un peu moins compliqué pour nous car nous avons une notoriété, depuis le temps, qui est relativement importante et un tourneur qui a tous ces contacts-là. Pour nous, c'est donc beaucoup moins un problème que pour des groupes plus jeunes. Par contre, il faut une actualité pour pouvoir jouer dans ce type de salle, car il faut remplir un minimum ces lieux : il faut des albums, éventuellement des clips. Il faut donc quelque chose à proposer. Ça faisait un moment qu'on avait sorti un album et on avait écumé pas mal de salles de France depuis le dernier disque, on arrivait dans un creux, et il était temps qu'on sorte de nouveaux titres.
L'actualité du moment, c'est évidemment le attentats qui ont touché la France et notamment ce droit fondamental qu'est la liberté de la presse. Vous avez toujours répondu à des interviews pour toutes formes de médias. Qu'est ce que cet attentat contre Charlie et en général contre la liberté de la presse vous évoque ?
C'est grave, c'est révoltant. Même si je ne connaissais pas personnellement ces gens, ils faisaient un peu partie de ma vie... Plus jeune, je m'amusais des caricatures que Cabu faisait de Dorothée à la télé... J'ai souvent lu Charlie Hebdo, j'aime ce genre de presse (Charlie, Le Canard) qui traite de sujets sensibles et qui place des caricatures souvent cinglantes de l'actualité... Je ris jaune la plupart du temps car ces dessins, souvent humoristiques, traitent de sujets qui ne le sont pas du tout.
Est-ce que c'est la Liberté de la presse qui était visée ? On le dit, mais je pense que ça va plus loin que ça... une attaque terroriste vise des symboles et cherche à déstabiliser. On n'a pas l'habitude de ça en France, on s'offense que ça puisse arriver et c'est normal. Pourtant, des luttes ont été menées pour que ces libertés existent et même si ça paraît loin, même si c'est de l'histoire et qu'on voit ça à l'école, rien n'est jamais acquis et il faut rester vigilant pour ne pas revenir en arrière. Si les réponses à ces attentats ne sont que sécuritaires, on est loin de régler le problème à mon avis et pire, on risque bien de perdre certaines libertés au passage. Quand je vois qu'une municipalité, en l'occurrence Béziers, préfère dépenser son argent en équipant de flingues ses municipaux, je me dis que c'est vraiment pas gagné ! Pour citer un passage, parmi bien d'autres, d'un célèbre film culte... qui n'est pas un film sur le cyclisme : "Où ça nous mène la folie des Hommes, on court droit à notre perte !".
Quand tu regardes dans le rétroviseur, quelles sont tes plus grandes satisfactions durant la carrière du groupe ? Et tes regrets ?
(Rires). La plus grande satisfaction, c'est de pouvoir continuer à faire de nouveaux morceaux, de continuer à faire des concerts et de pouvoir avoir pu bénéficier de ça pendant plus de 25 ans, c'est vraiment super cool. Des regrets ? (Il réfléchit) Je n'en ai pas trop, j'en vois vraiment peu (rires).
Finalement, les Burning, c'est reparti pour 25 piges ?
(Rires) Je ne sais pas, mais tant qu'il y a la foi et qu'il y a du plaisir, il n'y pas de raison que ça s'arrête.
Merci à Jyb et Boris (PP&M)
Photos : Jérémie Dalstein