Ce qui est bien avec les Burning Heads, c'est qu'il n'y a aucune crainte à ce qu'ils ne cèdent à une quelconque mode et teintent leur punk-rock de la hype du moment (au choix ces dernières années : garage, stoner, post-punk, cold-wave...). Non, cela fait plus de 35 ans qu'ils mènent leur barque (et surtout leur van) contre vents et marées, de clubs en stations-services, traversant les décennies avec la même passion débordante, la même énergie qui force le respect, et la dose de fun nécessaire. Tout n'a pourtant pas toujours été rose (ou rouge incandescent) car depuis Torches of freedom, ils ont dû faire face à un nouveau départ, celui de Phil, leur ancien guitariste revenu et reparti presque aussi vite (cf l'interview menée par Gui de Champi). Reprenant à leur compte l'adage "ce qui ne te tue pas te rend plus fort" (et encore, ce n'était pas le seul coup du sort qui a failli remettre en question cet album), les Burning reviennent donc encore plus forts, tel le Phoenix ou un chat à qui il reste à nouveau plusieurs vies. Exit Phil, donc, welcome Dudu (sondier depuis quasi toujours) et Fra, dont c'est la dernière fois qu'il sera fait mention dans nos pages qu'il a patiemment, respectueusement et brillamment remplacé Pit Samprass au chant. Ce qu'on a pu perdre en fougue frontale hardcore, on l'a gagné en finesse et classe anglaise (moins de Down By Law, plus de The Jam) et tout cela s'est parfaitement équilibré, imbriqué dans l'entité Burning Heads, n'en déplaise à quelques esprits chagrins, passéistes et conservateurs.
Le précédent disque nous avait ravis et on peut affirmer sans sourciller que celui-ci est du même acabit. La barre avait été placée haute pourtant mais le premier morceau, "Pyromaniac", rallume d'entrée les flammes de la liberté qui avaient réchauffé nos p'tits cœurs de punk-rockers, et qui ne vont jamais cesser de crépiter jusqu'au "Keep the fire burning" final. Au milieu de tout cela on reste en terrain familier, avec notamment un brûlot punk "Red" et un dub plus qu'inspiré, "Dark romance". Pourquoi eux y arrivent-ils quand plein de groupes français tentent de s'y adonner, pour un résultat pas toujours très probant ? Le talent, sûrement. Mais Embers of protest, malgré son titre, est davantage personnel, introspectif que politique et revendicateur et nous offre ainsi d'excellents morceaux plus mid-tempo comme "Too far so close", "Always hate goodbyes", "Storm in my throat" (inspiré de faits rééls qui auraient pu être fatals à Fra, au groupe) et ses chœurs magnifiques, ou ma préférée "Catch my fall" (bordel ce tube !!!). On a là, à mes yeux, enfin mes oreilles, un parfait mix entre les classiques d'Escape et ceux plus mésestimés de Taranto. Étant ultra fan de ces deux albums, c'est dire l'intérêt que je porte au p'tit nouveau et le nombre d'écoutes passées et à venir. Keep the fire burning, keep the LP spinning.
Publié dans le Mag #60