Rock Rock > Burning Airlines

Biographie > 11/09

Originaire de Washington D.C (USA), Burning Airlines est l'une des figures de proue de la scène rock alternative/post-punk/posthardcore nord-américaine. Seulement active entre 1997 et 2002 avec un statut de quasi culte pour les inconditionnels du genre, le groupe aura tout de même pris le temps de sortir deux albums long-format (Mission: Control! en 1999 puis Identikit en 2001) tous deux via DeSoto Records - le label fondé par deux ex-Jawbox qui s'est notamment occupé de produire des disques de The Dismemberment Plan et donc Jawbox - ainsi qu'un 7'' et 2 splits LP dont un avec At the Drive-in tout de même (The deluxe war baby en 2000).
Formé à l'initiative de J. Robbins (membres de Government Issue, Channels, Jawbox...) et producteur de Clutch, Against Me! ou encore Faraquet, accompagné de Bill Barbot (Jawbox) et Peter Moffet (Government Issue, Wool), le groupe connaît un succès d'estime plutôt rapide et se fait largement remarqué au sein des frontières américaines malgré quelques mouvement au sein de son line-up, enchaîne les sorties avant de connaître une mini-polémique du fait de son patronyme suite aux attentats du 11 septembre 2011. Malgré cela et le refus de certains clubs de programmer le groupe pour cette raison, celui-ci poursuit sa route encore quelques mois avant de finalement se saborder l'année suivante.

10 ans plus tard et alors qu'aucune reformation ne semble programmée, Arctic Rodeo Recordings un label allemand qui s'est pas mal spécialisé dans les sorties ou rééditions de groupes de rock/post-punk/alternatifs américains branchés 90's (Far, Retisonic, Walter Schreifels...) s'occupe de re-sortir les deux albums long-format de Burning Airlines en vinyls (ce qui n'avait jamais été fait jusqu'alors, les deux n'ayant été pressés qu'en CD).

Burning Airlines / Chronique LP > Identikit

Burning Airlines - Identikit Deuxième album studio signé Burning Airlines et sorti lui en 2011 (soit deux ans après Mission: Control!), Identikit fait lui aussi l'objet d'une très classy réédition vinyle par le biais d'Arctic Rodeo Recordings et sans plus de politesses ni de courbettes protocolaires, envoie d'entrée de jeu les riffs rock titiller les enceintes. "Outside the aviary" est ainsi une mise en bouche à la fois goûtue et bien épicée, tout en énergie ardente et feeling à la limite d'un pop-punk qui colle bien à l'atmosphère 90's/début des années 2000 de l'album. Bien en orbite, le groupe prend alors un virage un peu osé avec un "Morricone dancehall" aussi surprenant que déstabilisant à la première écoute. On va devoir s'y habituer.

Parce qu'avec ce nouvel album, les Américains ont décidé de poursuivre l'exploration d'un songwriting changeant et organique en développant un titre aux effluves noise-rock alternatif pour le moins anguleux, assez insaisissable au début mais finalement porteur d'un certain magnétisme au fur et à mesure qu'on le passe en boucle. Tout comme "A lexicon" qui bien dans une veine différente, plus grungy, balade son cool tout au long de quelques trois minutes et trente secondes d'un titre efficace et bougrement addictif. La vision de la ballade rock par Burning Airlines a quelque chose d'assez inédit et donc rafraichissant, à l'image de ce qui suit, entre un "A song with no words" qui cherche la mélodie accrocheuse à tout prix et un "Paper crowns" à la colère pop assez flagrante. Problème : entre les deux, le groupe enchaîne des titres fades et sans âme ("The surgeon's house", "The deluxe war baby", "Everything here is new").

Là est sans doute le gros point noir d'un album qui compte tout de même pas moins de seize titres à son tracklisting : ne pas avoir su séparer le bon grain de l'ivraie pour ainsi garder des morceaux du calibre d'un "Blind trial" enlevé ou d'un "Identikit" aussi éponyme que ténébreux et de se débarrasser du superflu (un "Election night special" faiblard, "Tastykake" sans le moindre intérêt sinon foncièrement pénible). Heureusement, les Burning Airlines ont encore quelques jolies cartouches dans leurs cartons et bouclent l'album avec le bondissant "Earthbound" ou le plus élégant "Dear Hilary". Une manière de se sortir du piège de la trop grande variation de ton, qui, bien que louable dans la démarche (afin de ne pas se répéter), fait de cet Identikit, un disque à... l'identité justement pour le moins insaisissable. Globalement moins convaincant que son très bon prédécesseur.

Burning Airlines / Chronique LP > Mission: Control!

Burning Airlines - Mission: Control! Burning Airlines qui connaît une seconde jeunesse par le biais du plus américain des labels allemands, en l'occurrence Arctic Rodeo Recordings (Far, Pilot to Gunner, Retisonic, Walter Schreifels...), LE spécialiste européen de la cause 90's venant d'outre-Atlantique mais pas que, c'est autant par les joies de la mondialisation (qui a donc parfois du bon) que le retour en grâce du support vinyle. Pour ceux, et ils sont sans doute nombreux, qui seraient passés à côté du groupe durant sa carrière éphémère (et alors qu'aucune reformation ne semble d'actualité), on la fait courte : Jawbox + Government Issue = Burning Airlines. Autrement dit, la grande classe emo-rock alternative US avec de très légères pincées de post-hardcore punk fugitives et un feeling outrageusement intemporel.

Normal alors que dès "Carnival", Mission: Control! (qui est chronologiquement parlant le premier album des natifs de Washington) dont le son a été retravaillé pour l'occasion, respire la classe. Songwriting racé, prod' quatre étoiles - et en même temps quand on a J.Robbins (producteur de Clutch, Against Me! ou Faraquet) dans ses rangs, ça doit aider - mélodies addictives et lignes de guitares fuselées, difficile de rester insensible. Même si la suite n'est pas immédiatement aussi réussie ("Wheaton calling"), le groupe corrige le tir quelques instants après avec un bondissant "Pacific 231" puis un "Scissoring" quasiment hypnotique. Dans ce registre émo-rock parfois légèrement punk (l'intense "Crowned"), d'autres fois légèrement noisy ("The escape engine", "Meccano"), Burning Airlines se révèle particulièrement abrasif ("3 sisters", "Flood of foreign capital" et son final post-noise-core subversif) et démontre que, oui, parfois, c'était mieux avant...

Quelques moments d'excellence pure comme sur le très saturé "Sweet deals on surgery" ou le plus "pop", dans son écriture "I sold myself in", les Américains livrent ici un premier album (datant de 1999 quand même) de haute volée, homogène dans ses variations de ton, particulièrement racé, qui prend toute sa valeur en vinyle, d'autant que l'objet est, de fait, très classe : merci Arctic Rodeo Recordings. Pas mal pour un disque qui n'a pas moins d'une quinzaine d'années et qui n'a même pas pris une demi-ride.