Voilà une décennie que le Brigada Flores Magon a vu le jour. Le groupe, monté sur Paris, doit son nom à Ricardo Flores Magon, révolutionnaire Mexicain ayant fricoté avec Pancho Villa et Emiliano Zapata au début du XX° siècle. Pour en revenir au groupe, il mène infatigablement une lutte antifasciste et, radical dans son engagement, évolue sans vergogne dans les milieux libertaires et anarcho-syndicaux (l'appellation "anarcho-autonome" étant une pure invention du Ministère de l'Intérieur destinée à faire trembler les pantoufles du français moyen...). De plus ses membres ont des connexions avec le RASH, acronyme de Red & Anarchist SkinHeads. L'occasion d'ouvrir une parenthèse sur un point sémantique pour le moins important. Dans le langage courant, le "skin" est un type d'extrême-droite, un facho, un faf, un nazillon quoi. Sauf qu'historiquement, à ses origines (fin des années 1960 à Londres), le mouvement skinhead est composé d'individus ne goûtant pas du tout de ce pain-là : les skins sont anti-racistes fréquentent sans soucis des antillais (pour faire, entre autre, de la musique)... C'est d'ailleurs une dizaine d'années plus tard que le glissement sémantique a eu lieu (avec l'aide bienveillante des mass-médias) en faisant l'amalgame entre Skinheads (anti-fascistes) et Boneheads (fascistes) (un dessin de Gil permet de bien faire la différence puisque "Le skin aide, le bonehead nuit !"). Pour les curieux, d'excellents articles (dont un sur le fanzine Barricata) tournent sur la toile à ce sujet mais il est fort utile d'être précis car comme le disait Albert Camus : "mal nommer les choses c'est ajouter aux malheurs du monde". Fin de la parenthèse
Revenons à nos moutons. Musicalement, tout en concédant des clins d'œil au ska, au reggae ou à la oi !, la BFM pratique intensément un punk-rock direct que l'on qualifie de "street-punk". Le groupe a donné plus de 500 concerts (Europe et Amériques) le plus souvent dans des festivals et des salles indés ou des squats et y a croisé des acolytes tels que Jeunesse Apatride, Conflict, Inner Terrestrials, Angelic Upstarts, Los Fastidios, ... Evoluant actuellement à 5 (Matéo au chant, Julien à la batterie, Jeff à la basse Tristan et Mathieu aux guitares) le groupe a vu passer dans ses rangs Raymonde (des Blancs Becs !) ou Fred Alpi qui a assuré plusieurs sorties discographiques en solo. Après un album éponyme sorti en 2000 et un EP Anges gardiens l'année suivant, le groupe a publié Rock or die en 2003 puis Tout pour tous en novembre 2007.
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Calavera
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Liens pour Brigada Flores Magon
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Rock > Brigada Flores Magon
Biographie > Une Brigada noire et rouge
Brigada Flores Magon / Chronique LP > Tout pour tous
Après plusieurs mois d'attente et une souscription lancée via internet, le nouvel objet en provenance de la BFM voit le jour. On frissonne déjà à l'idée de ce que pourrait donner les dernières compos du groupe. Et en bonus, un DVD accompagne ce nouvel album, dont le titre, Tout pour tous, pose les jalons. "Tout pour tous" pour sens du partage et de l'égalité entre les individus mais aussi "Tout pour tous", d'un point de vue strictement musical, le groupe continuant de s'ouvrir à d'autres styles de façon très marquée : les passages à tendance ska et reggae bien qu'éparpillés dans un bouillon punk-rock sont toutefois un peu plus appuyés et on trouve des séquences à 100% keupones.
La Brigada Flores Magon ne change pas une équation qui cartonne et en ouverture, "Ras les murs" dénonce pied au plancher "l'enfer carcéral". "Nous ici, nous on crêve, vive la rage et ras les murs !". Bien que plusieurs titres jouent une carte répétitive et burnée ("Violence", "Police", "Black bloc revenge") c'est tout de même un régal que d'entendre le répertoire du groupe se renouveler, actualité oblige (je serais tenter de dire) au sujet du splendide "Genova libera", écrit en mémoire de Carlo Giuliani, abattu par les Carabiniers lors des manifestations anti-G8.
Après le fulgurant enchaînement du milieu d'album, à noter que la superbe succession des quatre dernières pistes vaut son pesant de cacahuètes ! Certains titres dotés d'une touche que je qualifierais de "mélo" très bien dosée, des accords de gratte et un chant qui prennent au tripes (me) comblent d'émerveillement : "sur les rails de la mélancolie, le nez sur la cuvette des chiottes, quelques grammes de courage en poudre pour parader une dernière fois", "jamais, jamais, jamais je ne lâcherai", "te souviens-tu mon frère de ces premiers accords, joués à l'arrachée dans ta chambre étriquée", sans oublier l'allusion à Bertold Brecht sur le passage mid-tempo de "Ils veulent nous tuer" (je préfère celui qui braque la banque à celui qui la dirige). Coté CD, c'est plié. La Brigada prouve qu'elle maîtrise son sujet même si on (je ?) perçoit un léger manque d'homogénéité par rapport à l'album précédent.
Pour compléter le tout, un DVD contenant live, interview et docu, permet de se faire une bonne idée de ce qui anime le groupe et de "démystifier" un tantinet la scène radicale.
Un an après leurs derniers sévices, il ne reste plus qu'à attendre du nouveau de la part de la Brigada Flores Magon.
Brigada Flores Magon / Chronique LP > Rock or die
Dès le riff introductif de l' "Intro", on sent que la Brigada est montée d'un cran, qu'elle a changé de cours de récréation. Les deux premières minutes, bien qu'exclusivement instrumentales donnent le ton : la BFM est remontée à bloc et, de surcroit, propulsée par un couple mix/mastering d'enfer, j'ai nommé Trouble et Jonin.
"Etincellant" est un des mots qui vient à l'esprit, surtout après les réécoutes des précédentes productions. Et pour qualifier l'ensemble du disque, je dirais carrément "Brillant", d'entrée de jeu ! De ces démoniaques hymnes au rock'n'roll posés en diptyque en début d'album ("Rock or die" et "Un pas de danse") qui me font frémir à chaque écoute à cette fabuleuse chanson "à boire" ("Les sacs") en passant par le deuxième volet de "Banlieue rouge", les textes de Matéo ont encore gagné en puissance et en finesse, appuyé par des collègues en grande forme (quelles splendides lignes de basse, une batt' au taquet et des riffs tranchants), la Brigada Flores Magon parait au sommet de son art. Judicieux agencement de la tracklist "Pas de justice, pas de paix" vient calmer la ferveur de "Banlieue rouge (2)" avant que "Ca se paiera" ne déboule et dense dans son contenu, Rock or die prouve à maint fois la pertinence et la cohérence du propos. Comme à son habitude, le groupe oscille entre poésie, réalisme social et contestation pure et simple : "soumis à vie à une machine, tel un robot surexploité, un pantin désargenté", "mes rêves chassent votre réalité, inconscient dans vos yeux, je ne suis que le pire ennemi de votre fatalité [...] je n'attends de vous aucune pitié", "loin des images des feuilletons, pour nous les coups de matraque, les coups du sort et les coups de putes", ... Inutile d'effectuer un inventaire à la Prévert, c'est la grande classe de bout en bout ! En ajoutant à cela une reprise de Camera Silens, une version acoustique et magique de "Héros & martyrs" et une dédicace à Joe Strummer, le combo a sorti un manifeste parfaisant l'union entre Rock et contestation de bien belle manière.
Brigada Flores Magon / Chronique EP > Anges gardiens
Dans la foulée de son premier album, remarqué (à juste titre) à l'époque, le gang publie un nouveau disque composé simplement de 8 pistes, un EP.
Deuxième essai et on frôle déjà le sans-faute. "Seulement" 6 titres, puisqu'une deuxième version de "Porc en bleu" est servie en espagnol et qu'un mini-titre bonus font leurs apparitions en fin de tracklist mais une rage entière, un punk-rock authentique et les textes font mouche dès la première attaque ("la mort n'éblouit pas les yeux des partisans", "la résignation est la force de la nation, apprendre à perdre, c'est apprendre à crever", "cette vie est choisie et n'a pas de prix, cette vie est un choix et n'a pas de loi", ...). Si l'on ôte les quasi-messianiques "lève-toi et crois", les slogans à hurler sont toujours en pleine exploration de l'idée libertaire. Tandis que le groupe accorde toujours une place de choix à des moments vécus qui lui vaut cette appellation de "street-punk" ("Pour le pire", "Paria", "Anges gardiens"), il n'oublie pas de manifester sa défiance vis-à-vis des représentants de l'ordre public ("Porc en bleu"). Et dans les faits, on se retrouve face à ce punk-rock mâtiné de cette deuxième guitare pouvant insuffler un rythme ska ("Partisans", "Pour le pire") ou devant une impressionnante masse poussant tout sur son passage.
Garni d'un son à la hauteur des compos alors écrites par la BFM, Anges gardiens frappe déjà très fort. Sauf que le statut de simple maxi de la galette et certains systématismes dans l'écriture des titres permettent encore d'hésiter sur la réelle pertinence du combo. Mais un peu de patience... La confirmation ne saurait tarder.
Brigada Flores Magon / Chronique LP > Brigada flores magon
Alors bien sûr, il y a ce son caverneux, créant une atmosphère austère rendant parfois les textes de Mathieu difficilement intelligible. Témoignage du peu de moyens que le groupe a pu accordé à la mise en boîte de la galette, cet album éponyme est tout de même un disque dont le gang peut être fier d'avoir pondu. Car pour le reste, tout y est déjà (ou presque) : la hargne, la vindicte, le punk-rock ainsi que l'activisme radical qui transpire à chaque couplet. L'alchimie de la Brigada, où musique enragée et messages politiques fusionnent, officie dès le premier titre : "Octobre 61" commémore le massacre infligé aux manifestants pro-FLN à Paris. Plus loin, ce seront ces viandards de "Chasseurs" de se faire étriller, là un soutien aux actions de rébellion sud-américaines ("Continente olvidado") ou un hommage à la "Ligne 2" du métro parisien ou des tranches de vies retranscrites ("Banlieue rouge", "Mauvais garçons"), la BFM ne se contentant pas de sillonner les thèmes classiques de la philosophie anarchiste. Au fur et à mesure que les thèmes abordés évolue, le groupe se met à la page à l'aide d'un chant en anglais ou en espagnol ("Chicanos") et fait varier le tempo lorsqu'il n'insère pas une gratte ska pour donner de la couleur à certaines parties. En bon artisan de brûlots à scander passionnément, la Brigada Flores Magon signe notamment "RASH" mais aussi "Héros & martyrs", à travers lequel on aperçoit déjà la Brigada qui pointera le bout de son nez quelques années plus tard : plus aérienne, plus libérée tout en conservant ce fond teigneux qui lui sied à merveilles.
Si, comme déjà évoqué, le talon d'Achille de ce disque réside dans sa production, des titres semblent un peu usés (je pense à "Conscrits" ou"Le futur"), Brigada flores magon reste tout de même une très bonne entrée en matière pour qui veut s'initier à ce punk-rock là !