Rock Rock > Brant Bjork

Biographie > L'homme du désert...

On ne va pas y aller par quatre chemins et de toutes les façons, tout vrai amateur de stoner rock le confirmera, Brant Bjork, batteur de son état, est l'une des figures majeures de ce courant musical né au début des années 90, sous l'impulsion de Kyuss, dont il fit notamment partie. Au même titre qu'un Josh Homme (Kyuss lui aussi, mais également QOTSA ou Eagles of Death Metal), John Garcia (Kyuss encore, Hermano, Slo Burn ou Unida) ou Scott Reeder (Kyuss... décidément, Goatsnake, Unida et The Obsessed), Bjork est devenu au fil des années un personnage incontournable de ce la scène stoner. Multipliant les projets et autres collaborations (Fu Manchu, Fatso Jetson, Mondo Generator, Brant Bjork and the Operators, Brant Bjork and the Bros) ou ses albums solos (dont le très bon Jalamanta) sur lequel il est derrière le micro ou à la guitare (ou les deux...), l'ex-batteur de génie de Kyuss a finit par monter son propre label indé : Duna Records.
Au cours de sa carrière plutôt bien fournie, Brant Bjork décide de monter autours de sa personne un groupe qu'il baptise en toute humilité Brant Bjork and the Bros... A ses côtés, Cortez (guitare), Dylan Roche (basse) et Michaël Peffer (batterie), ce dernier étant remplacé par la suite par Alfredo Hernandez (tiens un ex-Kyuss...) après la sortie d'un premier album studio (Saved by magic) en 2004 (Duna Records). S'ensuivent diverses tournées, dont une en compagnie des furieux de Danko Jones et notamment un nouvel album solo pour Bjork (Tres dias). Ce-dernier sort en février 2007 alors que les Brant Bjork and the Bros ont mettent déjà la touche finale à Somera Sol (toujours chez Duna Records) qui nous arrive en France courant mai de la même année via Differ-Ant. Printemps 2008, l'ex-Kyuss repasse en solo en sortant Punk rock guilt sous son propre nom (Low Desert Punk/Differ-Ant).

Review Concert : Brant Bjork , Brant Bjork @ le Korigan (nov. 2008)

Brant Bjork / Chronique LP > Mankind woman

Brant Bjork - Mankind woman Pas facile de se renouveler quand on s'appelle Brant Bjork. Pour cet énième album solo (enfin, co-écrit avec son pote Bubba Dupree et la participation d'autres vieux amis comme Nick Oliveri, Armand Secco Sabal et Sean Wheeler que l'on remarque un peu plus que les autres sur "Pretty hairy"), l'ex-batteur a décidé de particulièrement soigner les sons (quelle chaleur !) et de mixer le distordu au flamboyant pour un résultat de grande classe. Sur une base stoner (évidemment), sa dame de pique s'habille d'un peu de psychédélisme (comme d'habitude) mais va surtout chercher dans le blues et une ambiance sixties/seventies à la cool, celle de Woodstock où bons nombres d'inspirateurs de cet opus étaient réunis sur scène (Jimi Hendrix, Santana, Grateful Dead, Crosby, Stills, Nash and Young ou encore Jefferson Airplane). L'ensemble sonne donc moins "desert rock" malgré la couleur particulière de sa guitare et offre un voyage dans le passé un peu plus lointain que celui de Kyuss, forçant le lascar à sortir quelque peu de ses schémas classiques et lui permettant de se faire plaisir avec les percus et les effets ("Swagger & sway") ou quand de petits trucs changent pas mal la donne... Well done.

Publié dans le Mag #35

Brant Bjork / Chronique LP > Black flower power

Brant Bjork and the low desert punk band - Black Power Flower Plus que jamais, la carrière de Brant Bjork semble dessiner un parallèle avec l'histoire du stoner, genre musical qu'il a lui-même contribuer à amorcer. Pendant des années Brant Bjork, contrairement à son ex-collègue Josh Homme, est resté dans l'ombre, enchaînant les bons albums les uns derrière les autres, mais ne bénéficiant, au mieux, que d'une distribution tout à fait confidentielle et d'une exposition quasi inexistante. C'était sans compter sur le phénomène des reformations compulsives qui secouent le rock depuis les années 2000 et dont Kyuss aura été l'un des tout derniers exemples. Brant Bjork accède alors a la lumière médiatique et goûte pour la première fois a une reconnaissance tout aussi méritée que tardive. Si la belle histoire se terminera aussi vite qu'elle avait commencé, celui que l'on appelle Mr Cool bénéficie désormais d'un peu plus d'attention de la part d'un public stoner qui s'est depuis quelques années fortement élargit, pour le meilleur et pour le pire. Plus que jamais le moment de ressortir un album solo donc, et pourquoi pas en faire une grande réussite, histoire de marquer le coup !

Pas facile, justement, d'avoir un avis tranché sur ce nouvel album de Brant Bjork et de son nouveau groupe, le Low Desert Punk Band. Probablement parce que Bjork ne s'est pas dit une seconde que cet album, fort d'une nouvelle exposition, méritait peut-être plus de travail que les précédents. Non, Brant Bjork, comme d'hab, s'en fout. On serait tenté de dire que nous avons là un album de stoner plus qu'honorable et même dans le haut du panier par rapport a ce qui pullule déjà sur une scène bien saturée. On a surtout, une fois de plus, l'album d'un Brant Bjork qui se contente de continuer son petit bonhomme de chemin sans jamais rien demander. En tout cas, l'heure est carrément au heavy sabbathien comme l'annonce le titre d'ouverture. Rejouer avec Kyuss a en effet du laisser des traces, mais on sent aussi plus que jamais l'influence de Jimi Hendrix revendiquée par le bonhomme depuis longtemps déjà. On oscille entre des titres sympas et d'autres purement anecdotiques sans qu'aucun ne sorte vraiment du lot. L'album est relativement bien composé (même si on regrettera une prod plus que discutable) avec pas mal de bonnes idées qui se glissent ça et là entre deux riffs bien vus. Mais on se demande un peu où est passé le « truc » qui faisait le charme de ses grands morceaux : groove et feeling avec cette petite ambiance cool qui a presque disparu au profit de cet heavy fuzzy trop entendu et parfois redondant. Brant Bjork n'a jamais été un grand technicien du solo, mais comme un Slash il arrivait jusqu'ici à tisser des petits phrasés assez mélodiques pour être accrocheurs, or ces petits moments de classes font durement défaut à Black flower power qui du coup ne décolle jamais vraiment. Ce qu'il manque en fait à cet album, c'est l'originalité Brant Bjork, ce « truc » justement, ce groove rock parfum pina colada qui faisait qu'il était plus qu'un simple musicien stoner parmi d'autres. Dommage.

Pour autant on reste admiratif devant l'inventivité que le bonhomme continue de montrer après toutes ces années, et il faudra avouer que son nouveau groupe assure au moins tout autant que les précédents. Prétendre que cet album est un ratage complet serait de la mauvaise foi, si il ne contient pas le tube de l'année, il faut malgré tout dire qu'il fait son travail d'album de rock en toute honnêteté et en toute modestie. Car après tout, c'est bien la modestie qui caractérise le personnage, contrairement à son homologue des Queens Of the Stone Age qui se fait brosser même pour ses pires albums. Alors non, Black flower power ne vous marquera pas plus que ça, mais il fera l'affaire si vous êtes déjà amateur du genre, surtout si vous vous donnez la peine de choper les deux pistes bonus que sont "Hustler's blues" et surtout "Where you from man" qui méritent bien plus leur place sur l'album que d'autres titres.

Bref, pas l'album de l'année, ni le meilleur album de Brant Bjork à ce jour, mais pas une infâme arnaque pour autant. Si t'as la sono qui va avec, alors ça devrait le faire.

Enjoy !

Brant Bjork / Chronique LP > Gods & goddesses

Brant Bjork - Gods & goddesses He's back. Hyperactif et toujours aussi productif, Brant Bjork revient comme quasiment chaque année avec au moins une nouvelle sortie de l'un de ses différents projets, tous, tournant en réalité autour de sa personne. Egocentrique ? Peut-être. Difficile à dire. He's the man quand même. Et après deux excellents derniers disques (Somera Sol puis Punk rock guilt), une longue tournée sur laquelle il a pu encore et toujours affuter son groove inimitable, le voici de retour pour présenter un énième disque : Gods & goddesses. Et comme toujours avec l'ex-Kyuss/ex-Fu Manchu, peu de vraies surprises (ça évite aussi les mauvaises cela dit), on est ici en territoire musical connu. Des riffs qui semblent pouvoir arrêter le temps selon le bon vouloir du maître, des atmosphères chaudes et enfumées, un groove thermique et cette coolitude incomparable... Du pur Brant Bjork en sommes.
L'inaugural "Dirty birds" est à ce titre un morceau on ne peut plus classique, réunissant tout ce que Brant sait faire de mieux. Facile... trop facile même. Le résultat se laisse écouter quand bien même on ne peut s'empêcher de se dire qu'il pourrait se remuer un peu et forcer sa nature et durcir un peu le temps. Et avec Brant Bjork, quand on a envie d'un truc, suffit de demander et le bonhomme s'exécute, comme sur "The future rock (We got it)". Mais il devait être écrit quelque part que Gods & goddesses n'aurait définitivement rien d'un brûlot punk stoner incandescent. Ici, il est plus question de balader sa nonchalance à travers le désert en étant armé d'une gratte capable de cracher quelques soli de derrière les fagôts ("Radio mecca", "Little world"). Et puis il y a cette voix, si particulière, l'autre signature de Mr.Cool qui dégage comme à son habitude cette aura, unique, qui fait la marque de fabrique de ses shows. Avec lui, les morceaux s'enchaînent à merveille ("Blowin' up shop", "Good time Bonnie" et mention spéciale à l'excellent "Somewhere some woman") sans jamais perdre une once de fluidité, de sorte que l'album s'écoule naturellement et s'écoute encore et encore. Respect.

Brant Bjork / Chronique LP > Punk rock guilt

brant_bjork_punk_rock_guilt.jpg Brant Bjork aime varier les plaisirs. Après avoir fait partie d'un groupe qui a marqué l'histoire du rock des années 90 (Kyuss), puis s'être payé quelques bons moments aux côtés des furieux de chez Fu Manchu, le bonhomme se plait à alterner les disques en solo ou en "groupe" avec Che et ses backing bands (The Bros, The Operators), voire à faire des apparitions sur les disques des vieux potes (Nick Oliveri et ses Mondo Generator). Après Somera Sol, la cuvée (solo) 2008 du père Brant a pour nom Punk rock guilt. Un titre surprenant au premier abord, mais qui cultive ici une certaine dose d'ironie. Non, on rassure les esprits chagrins, l'ex-Kyuss n'a pas viré "punk-rock préado boutonneux" pour signer chez une major et ce nouvel effort, il l'a tout simplement voulu dans la lignée des précédents. Soit terriblement groovy, caniculaire et hypnotique. Qui a aimé les Keep your cool ou Saved by machic devraient se pencher sérieusement sur la question de cet album, les autres peuvent sans doute tenter l'expérience les yeux fermés.
Car s'il devait y avoir une griffe "Brant Bjork", Punk rock guilt en serait le département recherche et développement, un laboratoire musical destiné non pas à expérimenter, mais plutôt à parfaire la science d'un rock qui sent avant tout le sable chaud et la rocaille. Débutant sur un long jam d'une grosse dizaine de minutes, l'envoûté "Lion one", ce disque prend alors des allures de road trip à travers le désert avec pour seul guide, l'un des hommes qui connaît le mieux le coin. Rythme nonchalant, un riff qui tourne à boucle, un groove sidéral, basse bourdonnante, quelques lignes de chant habitées, un côté répétitif qui nous plonge dans une léthargie "stone" rock embrûmée, du pur Brant Bjork en sommes. Décidé, on l'a dit précédemment, à varier les plaisirs, l'homme change de format et après une longue plage de stoner au psychédélisme narcotique nous envoie dans les tuyaux un "Dr.Special" funky à souhait. Un sens du groove qui balance, une bonne dose de cool et on enchaîne avec le petit frère du "Dr.Special", l'éponyme "Punk rock guilt" puis l'excellentissime et très fun "This place".
Les titres s'enchaînent avec une aisance rare, Brant prenant toutefois le temps de construire patiemment des ambiances qui contrastent avec bon nombre de tubes rock urgents qui inondent les ondes radios. Ici "Born to rock" nous dévoile quelques lignes de grattes au feeling léger et complètement décomplexé. L'ex-Kyuss/Fu Manchu n'a absolument plus rien à prouver et joui par conséquent d'une totale liberté artistique, En vieux punk qu'il n'a jamais été complètement, Brant Bjork pose un "Plant your seed" électrique sur la platine avant de nous faire faire des bonds avec le jouissif et très 70's "Locked and loaded". Sans autre prétention que de se faire plaisir avec son stoner funky rock aux tendances psychédéliques (à voir la pochette de l'album qui fait on ne peut plus simple), ce fils du désert américain livre assurément l'un des tous meilleurs opus de sa pourtant très triche discographie. On appelle ça avoir la classe.

Brant Bjork / Chronique LP > Somera sol

bbb_somera_sol.jpg L'un des principaux avantages à s'appeler Brant Bjork, c'est qu'après avoir été membre de Kyuss et Fu Manchu, on peut à peu près tout se permettre. Même sortir des disques solo ou avec un groupe tout acquis à sa cause, sans le moindre complexe, ni impératif autre que celui de se faire plaisir. En se laissant guider par un groove léger et un riffing aérien, l'auditeur lamda se retrouve instantanément transporté dans un hamac au coeur du désert américain, sous un soleil de plomb, une pleine caisse de bières fraiches à ses pieds. A ce titre "Turn yourself on" débarque droit dans les enceintes avec un feeling inimitable et une coolitude assumée. Brant Bjork and the Bros est un groupe qui ne cherche pas renouveler le rock avec ce Somera Sol mais juste à offrir un album léger, efficace et savoureusement rock. Une rythmique lancinante, un sens de la mélodie qui fait mâle particulièrement affuté ("Love is revolution", "Freaks of nature"), entre rock lumineux légèrement grunge et stoner aérien aux sonorités presques pop, le groupe affine son art et propose au passage quelques titres inspirés et salvateurs (l'excellent "Oblivion").
Quelques soli de grattes exécutés avec une maîtrise ébourriffante, Brant Bjork and the Bros nous gratifie alors de quelques titres aux ambiances caniculaires à souhait et aux instrumentations plus complexes qu'il n'y paraît au premier abord. Hypnotique ("Ultimate kickback"), savamment ensablé ("Chinarosa") et à la croisée des chemins entre Clutch, Queens Of the Stone Age, Hermano et les Fu Manchu, la troupe menée par Brant Bjork nous fait voyager à travers le Grand Canyon et se décide à élargir l'éventail de ses possibilités artistiques avec les deux derniers titres de ce Somera Sol ("Lion wings" et "Blood in the gallery"). Deux morceaux où apparaissent des cuivres (notamment le saxophone sur "Lion wings") sur lesquels, les Bros se lancent dans des expérimentations stoner/ free jazz avec Mario Lalli (Yawning Man, Fatso Jetso) en guest de luxe sur le très fun "Blood in the gallery". Le tout pour un final en roue libre interprété avec classe et une efficacité assez remarquable.

[us] Turn yourself on: .mp3 (214 hits)  External  ]