brant_bjork_punk_rock_guilt.jpg Brant Bjork aime varier les plaisirs. Après avoir fait partie d'un groupe qui a marqué l'histoire du rock des années 90 (Kyuss), puis s'être payé quelques bons moments aux côtés des furieux de chez Fu Manchu, le bonhomme se plait à alterner les disques en solo ou en "groupe" avec Che et ses backing bands (The Bros, The Operators), voire à faire des apparitions sur les disques des vieux potes (Nick Oliveri et ses Mondo Generator). Après Somera sol, la cuvée (solo) 2008 du père Brant a pour nom Punk rock guilt. Un titre surprenant au premier abord, mais qui cultive ici une certaine dose d'ironie. Non, on rassure les esprits chagrins, l'ex-Kyuss n'a pas viré "punk-rock préado boutonneux" pour signer chez une major et ce nouvel effort, il l'a tout simplement voulu dans la lignée des précédents. Soit terriblement groovy, caniculaire et hypnotique. Qui a aimé les Keep your cool ou Saved by machic devraient se pencher sérieusement sur la question de cet album, les autres peuvent sans doute tenter l'expérience les yeux fermés.
Car s'il devait y avoir une griffe "Brant Bjork", Punk rock guilt en serait le département recherche et développement, un laboratoire musical destiné non pas à expérimenter, mais plutôt à parfaire la science d'un rock qui sent avant tout le sable chaud et la rocaille. Débutant sur un long jam d'une grosse dizaine de minutes, l'envoûté "Lion one", ce disque prend alors des allures de road trip à travers le désert avec pour seul guide, l'un des hommes qui connaît le mieux le coin. Rythme nonchalant, un riff qui tourne à boucle, un groove sidéral, basse bourdonnante, quelques lignes de chant habitées, un côté répétitif qui nous plonge dans une léthargie "stone" rock embrûmée, du pur Brant Bjork en sommes. Décidé, on l'a dit précédemment, à varier les plaisirs, l'homme change de format et après une longue plage de stoner au psychédélisme narcotique nous envoie dans les tuyaux un "Dr.Special" funky à souhait. Un sens du groove qui balance, une bonne dose de cool et on enchaîne avec le petit frère du "Dr.Special", l'éponyme "Punk rock guilt" puis l'excellentissime et très fun "This place".
Les titres s'enchaînent avec une aisance rare, Brant prenant toutefois le temps de construire patiemment des ambiances qui contrastent avec bon nombre de tubes rock urgents qui inondent les ondes radios. Ici "Born to rock" nous dévoile quelques lignes de grattes au feeling léger et complètement décomplexé. L'ex-Kyuss/Fu Manchu n'a absolument plus rien à prouver et joui par conséquent d'une totale liberté artistique, En vieux punk qu'il n'a jamais été complètement, Brant Bjork pose un "Plant your seed" électrique sur la platine avant de nous faire faire des bonds avec le jouissif et très 70's "Locked and loaded". Sans autre prétention que de se faire plaisir avec son stoner funky rock aux tendances psychédéliques (à voir la pochette de l'album qui fait on ne peut plus simple), ce fils du désert américain livre assurément l'un des tous meilleurs opus de sa pourtant très triche discographie. On appelle ça avoir la classe.