bbb_somera_sol.jpg L'un des principaux avantages à s'appeler Brant Bjork, c'est qu'après avoir été membre de Kyuss et Fu Manchu, on peut à peu près tout se permettre. Même sortir des disques solo ou avec un groupe tout acquis à sa cause, sans le moindre complexe, ni impératif autre que celui de se faire plaisir. En se laissant guider par un groove léger et un riffing aérien, l'auditeur lamda se retrouve instantanément transporté dans un hamac au coeur du désert américain, sous un soleil de plomb, une pleine caisse de bières fraiches à ses pieds. A ce titre "Turn yourself on" débarque droit dans les enceintes avec un feeling inimitable et une coolitude assumée. Brant Bjork and the Bros est un groupe qui ne cherche pas renouveler le rock avec ce Somera sol mais juste à offrir un album léger, efficace et savoureusement rock. Une rythmique lancinante, un sens de la mélodie qui fait mâle particulièrement affuté ("Love is revolution", "Freaks of nature"), entre rock lumineux légèrement grunge et stoner aérien aux sonorités presques pop, le groupe affine son art et propose au passage quelques titres inspirés et salvateurs (l'excellent "Oblivion").
Quelques soli de grattes exécutés avec une maîtrise ébourriffante, Brant Bjork and the Bros nous gratifie alors de quelques titres aux ambiances caniculaires à souhait et aux instrumentations plus complexes qu'il n'y paraît au premier abord. Hypnotique ("Ultimate kickback"), savamment ensablé ("Chinarosa") et à la croisée des chemins entre Clutch, Queens of the Stone Age, Hermano et les Fu Manchu, la troupe menée par Brant Bjork nous fait voyager à travers le Grand Canyon et se décide à élargir l'éventail de ses possibilités artistiques avec les deux derniers titres de ce Somera sol ("Lion wings" et "Blood in the gallery"). Deux morceaux où apparaissent des cuivres (notamment le saxophone sur "Lion wings") sur lesquels, les Bros se lancent dans des expérimentations stoner/ free jazz avec Mario Lalli (Yawning Man, Fatso Jetso) en guest de luxe sur le très fun "Blood in the gallery". Le tout pour un final en roue libre interprété avec classe et une efficacité assez remarquable.