Born Ruffians - Birthmarks L'arrivée en avril 2013 de Birthmarks, le troisième album de Born Ruffians, sonne comme une renaissance pour la formation canadienne. Trois ans après un Say it à l'accueil mitigé par la presse musicale (coucou le Sacro Saint Pitchfork !), le désormais quatuor - avec l'arrivée d'Andy Lloyd (l'ex-bassiste de Caribou) au clavier et le remplacement à la batterie de l'instable Steve Hamelin par Adam Hindle - a quitté Warp Records pour Yep Roc Records (pour la distribution mondiale) tout en continuant à travailler avec Paper Bag Records pour le territoire canadien. De plus, le chanteur-guitariste Luke Lalonde a décidé de confier la production à Roger Leavens qui s'est chargé de Rhythymnals, son album solo sorti l'année précédente, et de ne pas poursuivre l'aventure avec Rusty Santos, producteur des deux premiers. Tout ça n'est pas négligeable dans la vie d'un groupe qui fête, rappelons-le, ses dix ans cette année.

Birthmarks, pour faire un rapprochement avec son titre, n'est pas le genre d'œuvre qui nous évoque un retour en arrière juste parce que "c'était mieux avant", pas plus qu'une forte remise en question, comme l'a fait un temps Radiohead avec son Kid A. Il est souvent dit que le troisième album est celui de la "maturité", dans le cas présent le style musical et la hype des Canadiens marche trop bien dans la sphère rock pour qu'il se défasse de sa pop amuse-gueule et aguicheuse. La démonstration est réalisée dès les premiers morceaux dont "Needle" qui a tout du hit en puissance, accrocheur dès les premiers coups de caisse-claire juste après que le quatuor nous ait préparé une introduction guitare-chant soignée. "6-5000" , et c'est le cas pour d'autres morceaux comme la flagrante "Rage flows", sonne même comme un titre des Arctic Monkeys ayant travaillé avec multiples artistes de la même vague pop bariolée (citons au pif Vampire Weekend ou MGMT). Là où le bât blesse c'est justement cette impression de déjà-vu, que le groupe n'est qu'un ersatz de tout ça, même si le genre est maîtrisé et que la formation "tente" par moment de briguer cette différence avec ses confrères par des morceaux sortant un peu du lot (citons "Dancing on the edge of our graves" et "Never age", les deux derniers morceaux). Ce troisième album n'est d'ailleurs pas tant linéaire que ça, sa pop se veut autant charnelle ("Permanent hesitation") qu'aérienne ("So slow", "Never age") et n'est pas en reste pour faire danser les djeuns ("Ocean's deep" en est un très bon exemple). Tout ça pour dire que cela ne fait pas avancer le schmilblick, mais comme on dit, c'est toujours ça de pris, surtout quand c'est bien emballé.