Boris - Heavy rocks Heavy rocks ou l'album qui porte parfaitement bien son nom. Sortie en même temps qu'Attention please, toujours chez Sargent House, ce disque en est le pendant saturé, lourd et gorgé de rock dur jusqu'à plus soif. Plus question de sensualité et de séduction, ici le trio nippon fait parler la poudre et foudroie les amplis à coups de "Riot sugar" bien cinglant ou de "Galaxians" speedé et complètement halluciné. Joyeusement bordélique, l'album passe d'un titre suave et ténébreux ("Leak - Truth, Yesnoyesnoyes -") à un "Jackson head" furieusement testostéroné et bordé de quelques bizarreries psychées qui rendent l'ensemble bien déjanté. Frondeur aussi quand les guitares, opiniâtres, défoncent les cloisons pour retaper le studio du sol au grenier. Ou plus noise bruitiste sur un "Missing pieces", fleuve (treize minutes et des poussières tout de même), tantôt apaisé, tantôt extrême dans son approche drone hardcore monolithique.

Un formidable interlude, aussi bref qu'hypnotisant, plus tard ("Key") et revoici que les japonais repartent à l'assaut des enceintes, les guitares au taquet et l'envie d'un découdre qui crève le plafond ("Window shopping"). C'est rock, c'est punky, c'est heavy et ça pulse bien comme il faut. Et comme en plus ça fuzz dans tous les sens, on en prend plein les mirettes. Pop très électrique ("Tu, la la" > certes, ils ne sont pas trop trituré la soupière sur les titres), post-noise dantesque et fleuve ("Aileron") ou doom-rock power noise en roue libre ("Czechoslovakia"), Boris jongle avec les étiquettes musicales que l'on voudra bien lui apposer et se plait à ne jamais faire deux fois ce qu'il a déjà fait. Petite ironie de l'histoire, le groupe avait paradoxalement déjà sorti un album intitulé Heavy rocks il y a quelques années, mais qui n'a pour ainsi dire rien à voir avec le disque présentement chroniqué. Mais qui était déjà génial. Si ce n'est pas la classe ça quand même...